Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) sont-elles un bon levier pour favoriser l’installation des jeunes médecins généralistes dans les zones sous-dotées en offre de soins ? La réponse est clairement oui mais jusqu'à un certain point, selon une étude publiée par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES).
Soutenues financièrement par les pouvoirs publics, les maisons de santé pluriprofessionnelles ont vu leur nombre progresser rapidement : 1 300 actuellement contre 20 en 2008 — le gouvernement table sur 2000 MSP en 2022. Cette forte hausse du nombre de structures s'accompagne d'une disparité territoriale, la part de maisons ouvertes dans les marges rurales étant tombée de 40 % entre 2010 et 2015 à 25 % entre 2016 et 2019. En 2020, 575 maisons sont implantés dans les zones sous-dotées définies par les ARS.
L'IRDES analyse en particulier l’impact des maisons de santé sur l’évolution de la densité de médecins généralistes, en distinguant les effets selon les types de territoires (zone rurale, zone périurbaine) et l’âge des médecins. Premier enseignement : peu importe le lieu d'implantation, une maison de santé limite toujours la baisse de la densité médicale.
Néanmoins, des inégalités existent entre les zones périurbaines et les zones rurales dotées en MSP. Les jeunes médecins (moins de 45 ans) restent davantage attirés par les territoires périurbains pour leur proximité des villes et des bassins d’emplois. Cet effet permet ainsi d'y « maintenir » l'offre de soins. En revanche, pour les zones rurales considérées comme moins attractives (population plus âgée, éloignement), la présence de maisons reste « insuffisante » pour « inverser la dynamique démographique défavorable » car plombée par les départs à la retraite. « La raréfaction de l'offre de soins y demeure préoccupante », insiste l'IRDES.
Internats ruraux et stages obligatoires
Pour revitaliser en médecins les zones les plus désertées, les experts de l'IRDES plaident pour mieux prendre en compte l’origine sociale et géographique des étudiants et déployer massivement le système des internats ruraux et des stages obligatoires, une solution jugée gagnante pour faire connaître l’exercice et le mode de vie dans ces territoires. Pour l'IRDES, d’autres mesures pourraient aussi être prises pour permettre de produire plus de soins avec moins de médecins, quel que soit le territoire concerné. Ces « gains de productivité » pourraient être obtenus par les délégations de tâches (infirmières en pratique avancée, vaccination par les pharmaciens) et par un usage « plus fréquent et diversifié » de la télémédecine.
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