Vous êtes maire d'une commune rurale et vous venez enfin de trouver un successeur au médecin de famille qui a pris sa retraite, ne vous en réjouissez surtout pas trop !
Dans un billet publié lundi 2 mai dans « le Figaro », Guillaume Peltier, maire Les Républicains (LR) de Neung-sur-Bevron (Loir-et-Cher), fait part de sa consternation. Il y a quelques semaines, le jeune maire (39 ans) du chef-lieu de canton de 1 263 habitants dans la Sologne se réjouissait que sa commune soit enfin parvenue à recruter un jeune médecin français de 32 ans, généraliste et urgentiste. L'édile a partagé cette bonne nouvelle dans le bulletin municipal. Un encart y précise que le nouveau médecin est disponible tous les jours du lundi au vendredi, rappelle l'adresse du cabinet, son numéro de téléphone et ses horaires d'ouverture.
Quelle ne fut pas la stupéfaction de Guillaume Peltier de recevoir un courrier menaçant de l'Ordre des médecins du Loir-et-Cher l'informant qu'il était susceptible d'être poursuivi devant la section disciplinaire du conseil régional pour avoir fait de la publicité au nouveau praticien.
Dans ce courrier dont « le Quotidien » a eu copie, l'institution cite les articles du code de la santé publique qui interdisent « tous procédés directs ou indirects de publicité ». L'Ordre départemental précise qu'est également susceptible d'être poursuivi pour publicité le nouveau médecin, malgré lui.
Remontrances des doctes docteurs et serment d'hypocrites
Dans son texte, le jeune maire tourne en dérision les réprobations ordinales, jugées à côté de la plaque. Il estime « incongru » d'être ainsi rappelé à l'ordre pour avoir informé ses concitoyens de l'arrivée d'un nouveau praticien dans leur commune. « Plus un médecin pour faire une ordonnance, mais un parterre de doctes docteurs pour rédiger une lettre de remontrances ! Parce que j'ai chassé mon médecin ? Non, parce que je l'accueille ! »
« Un médecin au village ? Que nul ne le sache, que nul ne s'en réjouisse, ou que le village paie : voici l'ordonnance de l'Ordre des médecins. Me voici revenu au temps de Molière, écrit Guillaume Peltier dans sa tribune. Un collège de médecins malgré nous, un ordre pontifiant de précieux ridicules, au chevet d'un monde rural presque à l'agonie, et qui nous donne la leçon ! »
Joint par « le Quotidien », Guillaume Peltier souligne avoir recherché un successeur au dernier médecin de son village « pendant un an et 44 rendez-vous ». Révolté par la procédure disciplinaire de l'Ordre, qui ne fait pas la distinction entre l'information et la promotion, il souhaite que son travail d'alerte permette de « mettre fin à l'absurdité de l'administration française ».
« Je laisse aux bureaucrates leur serment d'hypocrites, et garde ma pépite au serment d'Hippocrate », conclut poétiquement le président de la communauté de communes de la Sologne des étangs et conseiller régional du Centre - Val de Loire.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique