C'est un coup de colère que pousse la branche généraliste de la CSMF contre certaines agences régionales de santé (ARS). La raison ? Le refus, dans quelques rares cas, d'indemniser correctement les médecins et infirmiers libéraux qui participent en journée aux astreintes ou gardes au sein des centres Covid, ouverts sur autorisation de ces mêmes agences pour désengorger les hôpitaux.
Installés par dizaines, ces centres ambulatoires spécialisés Covid-19 ont fait leurs preuves depuis plusieurs jours. « Cela permet de sécuriser nos cabinets et d'éviter la contamination de nos patients non Covid, cela permet aussi de protéger nos confrères à risques de complications, souligne le Dr Luc Duquesnel, à la tête du syndicat. Ce maillage libéral participe ainsi à la diminution des risques de contagion et de l'engorgement des urgences. Les généralistes ont joué le jeu de la santé publique, entraînant une diminution d'activité d'environ 40 %. »
Las, le leader syndical pointe du doigt deux régions (la Nouvelle Aquitaine et le Centre-Val-de-Loire), où des médecins ont fait remonter cette problématique des rémunérations.
« Inacceptable »
En Charente-Maritime, médecins et infirmiers ont même dû stopper les interventions dans plusieurs centres, faute d'un financement ad hoc trouvé avec l'ARS, qui proposait une rémunération de 12 euros par acte pour les paramédicaux. Quatre centres (sur les 16 que compte le département) ont été contraints de fermer en fin de semaine dernière, a rapporté France Bleu La Rochelle, conduisant à réadresser les patients vers les urgences hospitalières.
« En fait, ces ARS font partie de celles qui sont restées hors de la vague épidémique, et du coup, elles ne se sont intéressées qu'aux services de réanimation de leurs hôpitaux, déplore le Dr Duquesnel, joint par « Le Quotidien ». C'est méprisant et inacceptable de réagir de cette façon face à des médecins et infirmiers qui se mobilisent et prennent des risques. »
Le syndicat met en avant un arrêté publié fin mars qui fixe les rémunérations des divers professionnels de santé réquisitionnés dans le cadre de la crise sanitaire. Dans ce contexte de mobilisation générale, le comportement de certaines tutelles régionales est d'autant plus mal perçu.
« Il y a deux poids, deux mesures dans un pays pourtant jacobin, où certains directeurs d'ARS, bien au chaud et à l'abri dans leur bureau, refusent d'aider des médecins généralistes qui travaillent, en première ligne, au péril de leur vie. À l'heure des comptes, le pays s'en souviendra, et une réflexion sur la pérennité de ces ARS devra être engagée », cingle le Dr Luc Duquesnel.
L'ARS calme le jeu
Contacté, le directeur de la délégation départementale de l'ARS Nouvelle Aquitaine en Charente-Maritime tempère la situation. « Il y a en effet un sujet autour de la rémunération des professionnels dans les centres Covid, qui interviennent après une première téléconsultation, selon le modèle de l'URPS médecins, indique Eric Morival. Pour les médecins, il n'y a pas de problème, mais les paramédicaux n'étaient pas favorables à la tarification proposée. Il y a une négociation en cours avec l'assurance-maladie, sur laquelle nous n'avons pas de retour pour le moment. »
Une rémunération forfaitaire permettrait de régler les choses, assure le directeur départemental. Problème : il faut une réquisition, qui ne se fait que dans les centres où il y a un afflux massif de patients, ce qui n'est pas le cas de la Charente Maritime. « Nous essayons de travailler le mieux possible avec tout le monde et nous ne pouvons que favoriser et nous féliciter de la mise en oeuvre de ces centres pour la prise en charge des formes peu sévères », conclut-il.
[Article mis à jour le vendredi 17 avril à 12h30, à la suite de la réponse donnée par l'ARS]
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