« Le samedi, après 11 h 30, je suis seul au cabinet. J'ai commencé mes rendez-vous à 8 h 30, un patient par quart d'heure, et mon dernier patient, je le vois à 14 h 30. Demi-journée continue. » C'est ainsi que « Doc du 16 » (docdu16), médecin généraliste en banlieue parisienne et blogueur, pose le contexte de son dernier billet.
Alors que sa secrétaire lui a déjà transféré plusieurs appels de patients, le généraliste détaille trois coups de fils reçus une fois que celle-ci est partie.
Le premier appel est passé pour une dame, âgée, tombée à son domicile et dont le médecin traitant est absent le samedi. La fille de cette dernière demande à « Doc du 16 » de passer. N'étant pas de garde, le généraliste lui répond que ce n'est pas possible mais prend la peine de l'interroger, et explique que la vieille dame a pu se casser quelque chose.
« Vous avez deux solutions : soit, si elle peut se déplacer, vous la mettez dans votre voiture et vous l'emmenez aux urgences, soit vous appelez le 15 », explique « Doc du 16 » à la fille de cette dame, mécontente que le médecin ne se déplace pas.
« Un médecin n'est pas un chauffeur de taxi »
Le deuxième appel retranscrit par le blogueur est celui d'une femme, qui n'est pas une patiente habituelle du cabinet. Elle appelle pour son mari qui a une angine. Elle demande si le « Doc du 16 » consulte le samedi après-midi, car son médecin est lui aussi absent. Le généraliste lui conseille de prendre du paracétamol et d'appeler le 15 en début de soirée, afin que la personne de permanence lui donne le code de la Maison médicale de garde, qui ouvre à 20 heures.
La dame s'impatiente, le médecin lui explique qu'elle peut toujours aller aux urgences de l'hôpital. « Mais il y a trop de monde… », rétorque l'appelante. « Je suis désolé mais je ne vois pas d'autre solution. »
Le troisième et dernier appel est celui d'un homme, qui ne fait pas partie de sa patientèle non plus. Il souhaite une visite du médecin dans l'après-midi. Devant la réponse négative du « Doc », il précise que sa femme souffre énormément, de douleurs de règles.
« Je ne pense qu'aucun médecin ne se déplacera pour des douleurs de règles un samedi après-midi », lui répond le médecin blogueur. Le patient proteste. Le généraliste suggère alors d'aller aux urgences ou, si sa femme peut attendre, à la maison médicale de garde.
L'homme précise ne pas avoir de moyen de transport et le médecin suggère alors d'appeler un taxi. « Vous pourriez mieux me parler… », s'offusque le patient. « Un médecin n'est pas un chauffeur de taxi. Bonne journée », lui répond le « Doc ».
Problème global
Après la retranscription de ces trois appels, « qui pourrait bien réagir ? », se demande le blogueur. Association de patients, association d'urgentistes, syndicat médical, un journal, personne politique ?
Et quelles pourraient être les réactions ? « On peut mourir », « les inégalités de l'accès aux soins », « les médecins libéraux de ville ne font pas leur boulot », « le système de garde est déficient », liste le blogueur.
À travers, ce billet le « Doc du 16 » semble donc s'interroger sur le problème de l'offre et de la permanence de soins, mais aussi et surtout sur la responsabilité des patients, qui appellent pour des demandes parfois incongrues.
S'il n'a pas souhaité répondre à nos questions, le blogueur a cependant évoqué dans les commentaires de son post que « le problème des gardes de ville ne p[ouvait] être dissocié de celui des urgences hospitalières ».
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique