Plusieurs députés socialistes vont recevoir ce mardi 25 octobre les syndicats de jeunes médecins avant d'entamer le soir même l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017. Le feu couve depuis l'adoption, mercredi dernier, en commission des Affaires sociales, d'un amendement à ce budget de la Sécu, soutenu par une quarantaine de députés socialistes, qui prévoit de mettre en place le conventionnement sélectif des médecins libéraux dans les zones surdotées.
La rapporteure de ce budget pour la branche maladie, le Dr Michèle Delaunay mais aussi Annie Le Houérou (Côtes d'Armor), à l'origine de cet amendement, ainsi que des députés l'ayant soutenu, assisteront à l'entretien avec les étudiants (ANEMF), internes (ISNI et ISNAR-IMG), les chefs de clinique (ISNCCA) et jeunes généralistes (SNJMG et REAGJIR).
« Nous allons écouter ce que les jeunes ont à nous dire », nous confie-t-on dans l'entourage de Michèle Delaunay, reconnaissant que le conventionnement sélectif a été adopté sans concertation.
Le grand flou
Le plus grand flou demeure sur l'avenir de cette mesure votée par des parlementaires de gauche et de droite en commission. La rapporteure avait demandé le retrait de l'amendement avant de s'en rendre à la « sagesse » des députés. La ministre de la Santé a affimé son opposition à toute mesure coercitive tandis que le groupe socialiste n'a pour l'heure pas défini de position sur le sujet.
« La plus grande incertitude demeure sur cette initiative, nous confie-t-on. La gauche est divisée sur cette question et la droite aussi car aujourd'hui la problématique des déserts médicaux reste intacte. »
Le Pr Philippe Juvin, porte-parole santé de Nicolas Sarkozy, a lui souligné que « la contrainte à l'installation des médecins avait partout été un échec » là où elle avait été mise en place.
La menace d'une grève
Toujours est-il que la profession s'est fortement mobilisée depuis le milieu de la semaine dernière pour faire bouger les lignes. Les syndicats d'étudiants, d'internes et de jeunes médecins, à l'instar des syndicats seniors, de l'Ordre des médecins et aussi du collège national des généralistes enseignants (CNGE), se sont élevés contre cette disposition qu'ils jugent contre-productive.
« L'idée du conventionnement sélectif méconnaît les processus de formation et d'installation des médecins généralistes et méconnaît de surcroît qu'il n'existe plus aujourd'hui de zones surdotées pour la médecine générale », clament pour leur part les généralistes enseignants, ce lundi.
Baptiste Boukebous, président de l'ISNI, espère que la rencontre avec les députés de gauche permettra de revenir sur cette disposition « sans ambition ». « Le vrai problème ne concerne pas les zones surdenses, il s'agit du manque d'attractivité des territoires déficitaires, explique l'interne. Le challenge est financier, porte sur les conditions d'exercice, l'adaptation de la formation... »
Le chef de file des internes veut croire que la majorité parlementaire reviendra sur cette « mesure kamikaze ». Dans le cas contraire, « le préavis de grève est déjà écrit », prévient-il.
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