Comme beaucoup de communes françaises, Plénée-Jugon, bourg des Côtes d'Armor de 2 500 âmes, est à la recherche de médecins. La municipalité ne compte que deux généralistes. Le premier a dû interrompre son activité pour raisons de santé et être remplacé. Le second pourra prochainement prétendre à prendre sa retraite.
Soucieuse de maintenir une présence médicale dans sa commune, la municipalité a lancé il y a quelques jours une campagne de recrutement, révélée par « Ouest-France », avec le soutien des professionnels de santé. Un pédiatre, un pharmacien, un podologue, des orthophonistes, des infirmiers, ostéopathe et kiné ont dévoilé avec le maire et des élus un panneau à l'entrée de la commune mentionnant « Recrute médecins - Contact : la mairie »... Un panneau lumineux relaie également cette annonce au centre du bourg.
« La situation est fragile à court terme », a déclaré Gérard Le Cam au quotidien régional, confirmant rechercher un ou deux généralistes. Avec cette action, le maire a souhaité défendre les atouts de sa commune, richement pourvue de paramédicaux.
Deux échecs roumains
Depuis plusieurs années, Plénée-Jugon peine à recruter des praticiens de façon pérenne. En 2010 puis en 2013, la commune a accueilli un généraliste roumain mais la mayonnaise n'a pas pris. « Après ces échecs, nous avons entrepris une seconde démarche avec des professionnels de santé que nous réunissons de façon régulière », explique Olivier Morand, premier adjoint de Plénée-Jugon.
La mairie a le projet de mettre en place en 2018 un pôle de santé, immense bâtisse au sein duquel les professionnels pourront acheter ou louer un lot. « L'idée est de construire un ensemble avec la pharmacie et le nouveau bâtiment avec l'ensemble des professionnels de santé, explique l'adjoint au maire. Nous verrons s'il est cohérent ou non d'acheter le cabinet médical actuel pour l'intégrer dans la structure. » Afin de multiplier ses chances de succès, la mairie a annoncé que le recrutement d'un médecin pourrait s'effectuer sous le mode du salariat. Elle prévoit un budget spécifique (non défini) affecté à ce poste.
Un généraliste aux manettes depuis 35 ans
Après 35 ans d'activité à Plénée-Jugon, le Dr Bruno Gobard, généraliste de 65 ans, espère qu'une solution pourra être rapidement trouvée.
« J'aurai théoriquement mes droits à la retraite au mois d'octobre 2017 mais je n'envisage pas mon départ avant qu'une solution ne soit trouvée », confie-t-il au Quotidien. Selon le généraliste, le « pôle n'est pas une mauvaise idée » mais il observe que tous les professionnels de santé ne sont pas forcément prêts à intégrer la nouvelle infrastructure pluridisciplinaire. « Je veux bien aller dans ce pôle si on rachète mon cabinet mais arriverons-nous à recruter de jeunes confrères ? »
Selon le médecin, la commune est bien placée sur la 4 voies entre Rennes et Brest et présente de nombreux avantages (école, crèches, commerces...). Par ailleurs, les éventuelles recrues ne manqueraient pas de travail (la patientèle du cabinet excède les 5 000 patients).
« J'ai une bonne santé, les patients ne sont pas désagréables, je connais des familles depuis cinq générations », affirme le Dr Gobard qui n'envisage pas de lâcher la population et pourrait jouer les prolongations.
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