Les médecins spécialistes québécois ont remporté une bataille sur leur rémunération, après deux mois de négociations intenses. Ils ont conclu avec le gouvernement du Québec un « accord de principe » entérinant des hausses de revenus sous réserve d'améliorer l'accès aux soins spécialisés, mais sans mesure coercitive.
Le montant financier de cet accord reste confidentiel, précise le journal canadien « La Presse », jusqu'à son approbation par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), qui représente à la fois les hospitaliers et les libéraux.
Au-delà du conflit autour des rémunérations, les spécialistes redoutaient l'application de deux lois punitives : l'une devait imposer aux médecins un nombre de patients minimum à prendre en charge sous peine de sanctions financières allant jusqu'à 30 % de la rémunération ; l'autre prévoyait de réduire l'autonomie des spécialistes en donnant plus de pouvoir aux hôpitaux pour contrôler les obligations de présence et de productivité. Ces sanctions ont été suspendues pour l'instant.
Le Premier ministre québécois Philippe Couillard a toutefois assuré que des avancées « jamais vues » avaient été obtenues au bénéfice des patients en termes d'accessibilité aux spécialistes. Les représentants des praticiens ont également salué l'accord. « Cette entente confirme que les deux parties s'engagent de façon très concrète à améliorer l'accessibilité aux services et aux soins en médecine spécialisée », analyse dans un communiqué la FMSQ, qui regroupe plus de 10 000 médecins spécialistes détenant une certification dans l'une des 59 spécialités médicales reconnues.
Doute
Sur les réseaux sociaux, certains patients et partisans du Parti québécois semblent peu convaincus, faute de connaître les détails de l'accord.
J'ai hâte de voir combien de petits extras de toutes sortes et d'augmentations ils auront obtenu de notre cher gvt médical... Québec et les médecins spécialistes concluent une entente de principe | JDM https://t.co/TNJNlUFOEg
— Camille Dumoulin (@Camilleettoi) 9 février 2018
Ni le gouvernement ni la FMSQ n'ont voulu divulguer les détails de cette entente peut-on y lire. Doit-on rire ou pleurer ? Cependant on n'est plus étonnés mais bien tannés #polqc #pq #assnat https://t.co/piAL6pmPU4
— Ginette Léger (@Giboue) 9 février 2018
Délais d'attente
La problématique de l'accès aux soins est particulièrement forte au Québec. Selon les chiffres du Commonwealth Fund, une fondation privée qui publie régulièrement des données sur les systèmes de santé, seuls 36 % des Québécois ont attendu moins de quatre semaines pour voir un médecin spécialiste (toutes spécialités confondues). En parallèle, le temps d'attente moyen aux urgences est de 13 heures (2017).
La rémunération moyenne des spécialistes au Québec (qui exercent à 70 % à l'hôpital) est bien supérieure à celles de leurs homologues français, à hauteur de 420 000 dollars canadiens par an (un peu plus de 270 000 euros).
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique