La chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des médecins de Bourgogne a statué jeudi sur des propos tenus par un médecin généraliste sur Facebook, et jugés homophobes.
Dans un post publié sur la page Facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons » fin décembre 2016, le médecin généraliste, remplaçant dans la région, relatait une consultation avec un patient. Ce dernier, homosexuel, venu consulter pour une fissure anale, était décrit par le médecin comme « pas un homo de type "fofolle" avec des manières surjouées, plutôt un monsieur tout-le-monde (...) ». « Je suis sûr que vous voyez ce que je veux dire quand je parle d'un homme qui surjoue les comportements féminins : façon de parler avec intonations vers le haut, expressions faciales exagérées, main à 90° en marchant (...) »
Des posts plus anciens avaient aussi été retrouvés sur le réseau social et sur le forum de Remede.org, où le médecin discutait du comportement des homosexuels ainsi que de la question « des juifs de France ».
L'Ordre des médecins de Côte-d'Or avait alors auditionné le généraliste début janvier et avait pris la décision, à la majorité, de porter plainte devant la chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre régional.
« Pas de discrimination »
Selon le praticien, qui n'a pas assisté à l'audience, « une partie du dossier concerne des propos tenus en 2012 sur le site Remede.org tronqués et sortis de leur contexte », alors qu'il était encore interne. « Je n'étais pas soumis au code, car pas inscrit au tableau de l'Ordre, donc je ne peux pas être poursuivi pour ces propos », argumente le médecin. Quant à ses commentaires sur Facebook, le médecin estime qu'ils sont « ridicules à côté de certains propos tenus par d'autres personnes sur les réseaux sociaux ».
Son avocat, Me Choley, a invoqué devant la chambre disciplinaire la « liberté d'expression » de son client. « Celle-ci vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent », précise l'avocat dans son argumentaire.
« Le médecin a distingué une catégorie d’individu sans estimer les insulter ou les discriminer, distinguer n’est pas synonyme de discriminer, et c’est d’ailleurs en l’espèce le contraire, cela permet en médecine de mieux soigner en prenant en compte les problématiques spécifiques », poursuit le représentant du généraliste.
« Prise de conscience »
De l'autre côté, Mehdi Aifa, président de l'Amicale des jeunes du Refuge, qui avait signalé les écrits du praticien à l'Ordre départemental, espère « une prise de conscience du médecin ». « Il faut lui faire entendre que ses paroles peuvent être violentes et causer des torts, quand il parle en tant que médecin, il jette aussi l'opprobre sur sa profession », souligne Mehdi Aifa, qui n'était pas non plus présent à l'audience.
Le président de l'association s'est dit « content de la réaction rapide de l'Ordre des médecins depuis les signalements en janvier », sans pour autant souhaiter de sanction trop lourde pour le médecin.
La décision de l'instance ordinale ne sera rendue « officiellement et publiquement que dans deux à trois semaines », a précisé la greffière de la chambre disciplinaire au « Quotidien », précisant « qu'aucun commentaire concernant cette affaire ne sera fait par l'Ordre d'ici là ». Le médecin risque une sanction allant de l'avertissement jusqu'à la radiation, en passant par une interdiction temporaire d'exercer, avec ou sans sursis.
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