C'est l'un des principaux enseignements du dernier baromètre* de l'institut Odoxa* sur « l'humain dans la santé », rendu public aujourd'hui : la confiance des patients envers leurs médecins reste indéfectible mais le colloque singulier est fragilisé par le manque de temps pour le dialogue et l'écoute.
Neuf patients sur dix se déclarent satisfaits de leur dernière hospitalisation ou consultation à l'hôpital. Cette très bonne « expérience patient » provient de la qualité des soins prodigués (91 % d'avis favorables) comme de la relation avec les praticiens (88 %). Autre bonne nouvelle : 84 % des patients distinguent correctement le rôle et la fonction des personnels hospitaliers avec qui ils ont échangé – médecins, infirmières, aides soignantes – et 86 % des personnes hospitalisées estiment avoir bien compris les informations transmises sur le diagnostic, les examens, les risques ou les suites possibles. Les patients disent être en grande majorité « traités humainement » (89 %), être écoutés (84 %) et même « bien compris » (83 %) à l'hôpital.
Ça coince sur le compte rendu
Mais derrière ce constat favorable, plusieurs points peuvent être améliorés. La pédagogie et la transparence autour de l'ordonnance hospitalière fait défaut avec 27 % des patients hospitalisés qui se disent mal informés sur les molécules administrées (dont 7 % très mal).
Le sondage confirme aussi les défaillances en matière de coopération hôpital/ville qui peuvent altérer le suivi de prise en charge. Seuls quatre patients sur dix ont reçu un compte rendu d'hospitalisation dès leur sortie de l'établissement. Faisant écho à la lettre de liaison obligatoire, 28 % indiquent que des informations ont bien été transmises mais directement à leur médecin traitant. 19 % attendent toujours un compte rendu. En miroir, près d'un médecin sur trois (28 %) confesse ne pas transmettre systématiquement les informations en dehors des murs hospitaliers…
En revanche, l'étude montre un « excès » de transparence en ce qui concerne les discussions sur l’état de santé du patient devant ses proches : c’est une pratique fréquente qui survient même une fois sur quatre (22 %) sans aucun accord préalable du patient.
Consultation, la course
La question du temps médical (grignoté par les contraintes de tous ordres) est le vrai point noir dans le colloque singulier, selon cette enquête qui consacre un sous chapitre spécifique à la perception de la consultation par les uns et les autres.
Le temps de consultation insuffisant est ainsi pointé du doigt par un patient sur trois (31 %), qui aurait apprécié davantage de disponibilité du praticien. Les médecins eux-mêmes (tous modes d'exercice) ne sont pas dupes : seuls 29 % des praticiens hospitaliers et 53 % des libéraux jugent que les consultations leur laissent assez de temps pour échanger et donner des conseils. Sur ce point, les choses se dégradent pour 84 % des médecins sondés ! L'analyse de la perception des conditions de travail (tableau) confirme que les médecins se singularisent par un net manque de temps pour accomplir leur travail (72 %) et une insuffisance de moments de pause dans leur journée (60 %).
* Sondage réalisé pour Orange, MNH Group (actionnaire du « Quotidien »), la FHF, Sciences Po, Le Figaro santé, France Inter auprès de plusieurs échantillons : 991 Français (méthode des quotas) ; 1 150 patients et 598 proches de patients (venus pour une hospitalisation ou une consultation) ; et 434 médecins généralistes et spécialistes, exerçant en ville ou en hôpital (interrogés par Internet en novembre et décembre 2017).
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