Depuis janvier 2021, le déremboursement des médicaments homéopathiques est total. Cette décision politique – fondée sur l’avis scientifique de la Haute autorité de santé (HAS) ayant conclu à l’absence de preuve de l’efficacité de ces médicaments – a plongé « les nombreux acteurs et utilisateurs de l’homéopathie dans le désarroi », ont expliqué à nouveau ses défenseurs lors des assises du médecin homéopathe, fin mars.
Une bataille a été perdue mais pas la guerre, estiment les pro-granules. Ils restent déterminés à « lutter pour la prise en compte de cette thérapeutique utilisée par des millions de Français » et « réhabiliter son image mise à mal aussi par des médecins », a affirmé lors de ces assises le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF).
Pour lancer la contre-offensive, les avocats de l’homéopathie entendent mobiliser chercheurs et… politiques compréhensifs. Yves Daniel, député LREM de Loire-Atlantique, est l’un d’entre eux. Cet agriculteur à la retraite se pose en utilisateur régulier de l’homéopathie « depuis une vingtaine d’années pour soigner les problèmes de santé de ses enfants », mais aussi dans les élevages. « L’utilisation de l’homéopathie sur les animaux a permis de mesurer son efficacité. C’est un outil formidable pour lutter contre l’antibiorésistance », a-t-il lancé lors des assises.
Effets collatéraux
Cet élu avait déjà été l’un des parlementaires à co-signer des amendements au projet de loi Sécu 2021, réclamant en vain un moratoire de deux ou trois ans sur le déremboursement des médicaments homéopathiques. Autres requêtes aujourd’hui : la création d’un organisme dédié à l’évaluation des médecines alternatives et une analyse efficacité/coût de l’homéopathie.
À sa demande, une rencontre avec la HAS a été programmée au cours de laquelle le député compte évoquer une fois de plus les « effets délétères » du déremboursement : report vers des médicaments traditionnels avec « effets secondaires », risque de recours accru à l’automédication mais aussi conséquences de la perte du taux réduit de TVA sur le prix de l’homéopathie ou risque de perte d’emplois. « On est une cinquantaine de députés à se mobiliser, soutient Yves Daniel. On va se battre pour le retour du remboursement comme l’ont fait l’Allemagne et la Suisse. »
Le syndicat des homéopathes voudrait inscrire la question de l’homéopathie au menu de la prochaine campagne présidentielle. « Xavier Bertrand a affirmé que, s’il était élu, il reviendrait au taux de 15 % pour impliquer les mutuelles », fait valoir le Dr Philippe Champion, membre du syndicat. De fait, l’ex-ministre de la Santé, candidat déclaré dans la course à l’Elysée, avait affiché son soutien au secteur en signant la pétition demandant « le maintien du remboursement de l’homéopathie ». « Nous allons interroger l’ensemble des candidats pour qu’ils prennent position », promet déjà le président du syndicat des homéopathes.
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