Estimer les besoins de formation est un exercice périlleux auquel la France s’adonne avec plus ou moins de réussite depuis 1971 et la création du numerus clausus.
Dans une récente communication, les Drs Michel Huguier, de l’Académie de médecine, et Patrick Romestaing, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins et responsable de l’observatoire européen de démographie médicale, appellent à revoir les modalités du numerus clausus hexagonal, mis à mal par l’ouverture des frontières et l’élargissement de l’Europe. « En janvier 2013, sur 199 500 médecins en activité inscrits au conseil de l’Ordre, 10,6 % étaient titulaires d’un diplôme obtenu hors de France. Et en 2011, parmi les 6 053 médecins nouvellement inscrits, 24 % étaient dans le même cas », précisent les auteurs.
À ce décompte, il faut ajouter quelque 4 000 à 5 000 médecins originaires de pays hors Union européenne, « qui exercent dans des hôpitaux sans être inscrits à l’Ordre ». Sans oublier les étudiants français qui, ayant échoué en première année, vont se former dans une université européenne avant de revenir en France passer les épreuves classantes nationales (ECN).
Une régulation mise à mal en France
Les Drs Huguier et Romestaing pointent les limites de ce quota de formation, qui est massivement contourné et dont le principe même est unanimement contesté – de plus en plus de voix s’élèvent pour demander sa suppression. « Il serait naïf de croire qu’en élevant le numerus clausus, on réglerait le problème de la désertification médicale », avancent-ils. Ce système de sélection ne tient pas compte de l’évolution du mode de vie des médecins qui ont, dans l’ensemble, réduit leur temps de travail. Paradoxalement, les représentants de l’Ordre et de l’Académie jugent « indispensable » une continuité dans les décisions ministérielles en matière de démographie médicale.
Les auteurs militent en conséquence pour la stabilisation « autour de 7 500 » du nombre d’étudiants autorisés à passer en deuxième année de médecine. Ce seuil leur semble assurer un effectif « nécessaire mais aussi suffisant de médecins ». Mais ils jugent urgent de renforcer la réflexion au niveau européen.
« Des décisions communautaires sont nécessaires pour faire évoluer les numerus clausus des pays de l’Union européenne vers une certaine harmonisation quantitative », préviennent-ils. Les Drs Huguier et Romestaing estiment par ailleurs qu’« une réglementation hospitalière contraignante doit faire cesser le dévoiement indirect du numerus clausus » par l’embauche de médecins venant hors d’Europe sur les postes laissés vacants.
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