LE QUOTIDIEN – Vous venez de signer avec l’UNAPL un accord-cadre portant sur l’emploi dans les entreprises libérales. Quel est votre objectif ?
LAURENT WAUQUIEZ – Ce que je veux, c’est soutenir le secteur des professions libérales et permettre à celles-ci de développer au mieux leurs politiques de recrutement et de gestion des carrières. Les professions libérales représentent 700 000 entreprises, 2,5 millions de professionnels et 1,8 million de salariés. C’est un secteur dynamique qui crée de nombreux emplois non délocalisables : entre 2005 et 2009, les effectifs salariés ont progressé en moyenne de 4 %. Notre volonté c’est donc d’accompagner encore le développement de l’emploi en proposant aux professionnels une aide technique pour le recrutement. Après avoir au préalable simplifié l’environnement juridique des professionnels libéraux (création des statuts de collaborateur libéral ou encore de retraité libéral actif), nous concentrons désormais notre action sur un soutien plus opérationnel.
Comment allez-vous procéder ?
Le gouvernement va cofinancer un contrat d’études prospectif (CEP) qui établira un diagnostic sur les perspectives d’évolution de l’emploi et des compétences parmi les professions libérales. Il s’agira là de la première étape d’une réflexion plus large visant à définir les priorités d’action pour accompagner le développement des différents métiers liés aux professions libérales. Le second volet du plan d’action consistera en un accompagnement personnalisé des chefs d’entreprise de professions libérales à partir des pratiques de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Notre but est à la fois de prendre en compte les spécificités de professions libérales et de développer la transversalité des différents métiers. Il s’agit d’inciter les professionnels à développer une politique de gestion des ressources humaines efficace et adaptative, tout en renforçant la possibilité pour les différents salariés de travailler pour différents secteurs libéraux au cours de leur carrière.
Enfin, la signature prochaine d’un accord avec Pôle Emploi devrait permettre d’optimiser la politique de recrutement des professions libérales. Pôle Emploi, qui dispose d’un grand vivier de demandeurs d’emploi et d’un personnel qualifié pour le conseil et le placement, constitue l’interlocuteur naturel des structures de petites tailles qui ne consacrent pas forcément de moyens spécifiques à leur recrutement. Il est donc indispensable de promouvoir une coopération plus forte et efficace entre ces deux acteurs majeurs de l’emploi en France.
En quoi cet accord peut-il intéresser spécifiquement les médecins libéraux ?
Cet accord, en fournissant un accompagnement personnalisé aux professionnels libéraux, permettra de mieux prendre en compte la spécificité de ces métiers. Au sein des salariés des professionnels médicaux, on note une très grande féminisation (89 %) ainsi qu’une très forte proportion de temps partiels (50,9 % pour le domaine des pratiques médicales et 65 % chez les auxiliaires médicaux).
L’accord permettra aux professionnels médicaux et aux professionnels de l’emploi de tenir compte plus finement de ces spécificités. Ainsi, par exemple, Pôle Emploi proposera des personnes recherchant des temps partiels pour les médecins le réclamant. L’aide accordée concernant la gestion de l’emploi et des compétences offrira également un soutien extérieur appréciable à ces professionnels souvent débordés par les tâches propres à leur cœur de métier. En retour, en facilitant les embauches et en améliorant la gestion des carrières, l’emploi sera dynamisé.
Disposez-vous de statistiques fines permettant de mesurer l’état de l’emploi – dynamique ou au contraire affecté par la crise – chez les libéraux de santé ?
Les données sectorielles relatives à l’emploi sont plus longues à collecter que les données plus globales, c’est pourquoi il est encore difficile à l’heure actuelle de disposer du recul nécessaire pour mesurer les effets de la crise. Selon les données dont nous disposons, au cours des dernières années c’est le secteur des laboratoires médicaux qui, parmi les professionnels de santé, a été le plus dynamique. Les embauches étaient en revanche plus faibles dans la pratique médicale, baissant entre 2002 et 2005 et ne reprenant leur hausse qu’ensuite. Ces chiffres reflètent simplement le dynamisme différent des activités, liées notamment au facteur démographique dans le domaine de la pratique médicale. Je pense que dans un contexte où de nombreux territoires connaissent une baisse du nombre de médecins, il est essentiel que ces derniers soient en mesure d’embaucher le personnel nécessaire pour se consacrer pleinement à leurs tâches purement médicales. Notre objectif, en répondant aux besoins des libéraux de santé, c’est aussi d’aider à répondre au besoin de santé des Français.
Vous allez conclure avec Pôle Emploi un accord visant à promouvoir le secteur libéral. Quels sont, selon vous, les atouts que sa composante « santé » peut mettre en avant dans ce cadre ?
Les atouts de la composante « santé » du secteur libéral, ce sont, outre le réservoir d’emploi que j’ai déjà évoqué, les valeurs portées par ce secteur. Il me paraît essentiel de mettre aujourd’hui en avant les valeurs portées par les professionnels libéraux : indépendance, force de travail, courage et un exercice professionnel entièrement tourné vers les autres. Or les professionnels médicaux sont probablement parmi les mieux placés pour incarner ces valeurs éminemment positives.
Il sera donc essentiel pour Pôle Emploi de mettre en avant ces deux qualités auprès des demandeurs d’emploi : les professionnels libéraux embauchent et les missions exercées auprès d’eux sont valorisantes et épanouissantes. Dans les démarches complexes de recherche d’emploi, lorsque le chômage dure et qu’il faut suivre une formation spécifique, il est essentiel de pouvoir leur démontrer les atouts des différents métiers possibles. En ce sens il me paraît évident que les entreprises libérales du secteur médical ont d’énormes avantages à faire valoir.
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