Les médecins autrichiens mènent actuellement une vive campagne de protestation avec des encarts de presse et des affiches dans les stations de métro et de tram de Vienne.
Dans un style « identité judiciaire », cette campagne montre des médecins libéraux mis en examen « parce que leurs patients, selon le gouvernement, n’avaient pas de douleurs ». De quoi s’agit-il ?
Selon un projet du gouvernement, les médecins qui prescrivent trop d’arrêts de travail – ou d’autres actes ou examens jugés superflus – pourraient être condamnés, après avoir été pris en flagrant délit par des « patients mystères » mandatés par les caisses de maladie. Ces vérificateurs, munis de vrais faux papiers, pratiqueraient des actions de testing sur les prescriptions. Ils viendraient par exemple demander des arrêts maladie aux médecins sans être malades. Les praticiens qui tombent dans le piège pourraient encourir de lourdes sanctions.
Le projet de loi entend également prévenir les abus des patients eux-mêmes, avec la vérification systématique par le médecin de leur carte d’identité (à comparer avec à la carte d’assuré social) pour pouvoir bénéficier du tiers payant intégral.
Climat de méfiance
Pour les praticiens autrichiens, ces mesures de contrôle sont non seulement absurdes mais elles détruisent la relation de confiance avec les assurés et le colloque singulier. « Nous allons devoir jouer aux policiers pour vérifier les droits. Nous devrons aussi prescrire des examens pour vérifier si le patient est malade ou pas, ce qui augmentera les coûts », s’insurge le Dr Johannes Steinhart, représentant de l’Ordre des médecins.
À terme, redoute l’Ordre, le contrôle inopiné des arrêts maladie par ces fameux patients mystères risque de s’étendre à un contrôle total de l’activité médicale par les employés des caisses...
Ce projet de loi sur le contrôle d’activité (et la riposte choc des médecins) s’inscrivent dans un climat déjà tendu entre l’assurance-maladie, le gouvernement et les professionnels de santé.
La plupart des caisses, régionales en Autriche, affichent de lourds déficits. Les pouvoirs publics réfléchissent à de nouvelles mesures d’économies. Ils envisagent de multiplier les maisons de santé pluridisciplinaires, autre projet qui se heurte à l’hostilité du corps médical.
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