LE BUS SANTÉ, ou cabinet mobile, dont le projet est né il y a environ un an dans le nord de la France à l’initiative du Pr Guy Vallancien, avec le soutien de La Mutualité, de l’ARS et du conseil régional de Picardie (« le Quotidien » du 3 juin 2009), devra patienter avant de circuler dans le département de l’Oise. Une décision prise et assumée par le président du conseil départemental de l’Ordre des médecins, le Dr Philippe Véron, pour qui « il s’agit là de médecine foraine ». « Nous avons convoqué Daniel Tourbe, le responsable départemental de la Mutualité, indique Philippe Véron, pour lui poser quelques questions sur ce projet avant de l’autoriser. Ce n’est pas parce que, de mon point de vue, l’Ordre de l’Aisne [département dans lequel le bus santé a déjà sillonné, NDLR] n’a pas été très regardant qu’il faut en faire autant. » Concrètement, l’Ordre départemental, qui a appris par la presse que le bus santé s’apprêtait à venir dans son département, veut savoir quelles sont les responsabilités des uns et des autres dans cette affaire, connaître le statut du médecin officiant dans ce bus santé, et savoir ce qu’il adviendra des informations sur les patients qui y seront collectées. « Tout ça n’est pas très clair », conclut le Dr Philippe Véron qui attend des réponses à ses questions avant d’autoriser le cabinet mobile à sillonner les routes de son département.
À la Mutualité de l’Oise, personne n’était en mesure de répondre aux questions du « Quotidien ». Mais La Mutualité de Picardie a indiqué au journal « Le Parisien » ne pas comprendre l’attitude du Dr Véron. « Le bus tourne déjà dans l’Aisne et tournera bientôt dans la Somme, et nous n’avons rencontré aucune difficulté avec les conseils de l’Ordre de ces deux départements ». D’autant que la Mutualité inscrit résolument son projet dans la prévention : « Il ne s’agit en aucune manière de faire de la concurrence au médecin traitant ou de le remplacer, mais de faire le lien avec lui. »
Même tonalité chez le Pr Guy Vallancien, initiateur du projet : « C’est une réaction corporatiste de l’Ordre de l’Oise, assure-t-il. Ce bus n’est pas là pour faire une concurrence déloyale aux médecins du département, il n’est là que pour faire de la détection de pathologies et de la prévention, et pour inciter les patients à aller ensuite voir leur médecin habituel. Il a une incontestable utilité sociale et médicale. »
Ce projet, baptisé « La Vallancienne » par ses détracteurs, a fait couler beaucoup d’encre dès son annonce en juin 2009. « Et pourquoi ne pas obliger tous les médecins libéraux à pratiquer en camping-car dans l’ensemble des zones sous-médicalisées ? », avait alors ironisé le Dr Jean-Paul Hamon, vice-président d’Union Généraliste. Tandis que le Dr Luc Duquesnel, de l’URML des Pays de Loire, et très impliqué dans les problématiques d’accès aux soins en zones rurales, notait que si « ce type de projet plaît beaucoup aux politiques en termes d’affichage, il faut faire attention à ces idées qui paraissent si séduisantes qu’on veut parfois les mettre en uvre à toute force ».
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