DE NOTRE CORRESPONDANT
SALAIRES MIROBOLANTS, conditions de travail idéales : comme beaucoup de médecins occidentaux, le Dr Eugen Adelsmayr, originaire d’une petite ville autrichienne, a été séduit il y a quelques années par une nouvelle carrière dans les Émirats, carrière qui l’a promu chef du service de réanimation chirurgicale du centre de traumatologie de Dubaï. Mais, fin 2008, un grand blessé pakistanais est amené dans son service, et meurt après quelques jours de traitement. Deux médecins du service, un Irakien et un Égyptien, précédemment mal notés par le Dr Adelsmayr, affirment alors à la direction de l’hôpital que ce dernier a laissé mourir le patient au lieu de continuer les soins, ce qui est un délit grave aux yeux de la loi locale. Le chef de service est révoqué malgré ses dénégations, mais l’affaire poursuit son cours en justice, et il se retrouve accusé d’homicide et assigné à résidence. Malgré trois rapports d’experts internationaux en sa faveur, dont la traduction en arabe fut, selon le Dr Adelsmayr, trafiquée par les médecins à l’origine de la plainte, le médecin autrichien doit subir, depuis plus d’un an maintenant, un interminable procès. Il y a quelques jours, le procureur de Dubaï a requis la peine de mort contre lui, les jugements définitifs étant attendus dans les mois à venir.
Mandat international.
Toutefois, le médecin autrichien avait été autorisé, l’été dernier, à rentrer quelques jours dans son pays au chevet de son épouse gravement malade, à condition qu’il retourne ensuite à Dubaï, ce qu’il a fait. Mais son épouse décède en janvier, et les autorités des Émirats lui accordent un nouveau voyage en Autriche pour aller l’enterrer : cette fois, toutefois, il décide de ne plus revenir à Dubaï. Même protégé dans son propre pays, le médecin n’en reste pas moins dans une situation des plus inconfortables : certes, l’Autriche ne livrera jamais un de ses ressortissants à un pays appliquant la peine de mort, mais il encourt un mandat international lancé par Interpol et ne peut donc plus prendre le risque de voyager hors de son pays. Après s’être battu pendant trois ans pour faire reconnaître son innocence, le Dr Adelsmayr explique qu’il ne souhaite plus lutter dans une affaire où tout est affaire de « vengeance personnelle, de jalousie et de racisme, sur fond d’expertises truquées ». C’est désormais le ministère des affaires étrangères d’Autriche qui représente ses intérêts lors du procès, et les organisations médicales autrichiennes lui ont aussi apporté son soutien. Si le médecin veut maintenant commencer une nouvelle vie, il souhaite toutefois que son expérience puisse servir à ses confrères : certes, partir travailler dans les pays du Golfe offre des perspectives matérielles et salariales inimaginables en Europe, mais, en contrepartie, le moindre conflit professionnel ou administratif peut transformer le séjour paradisiaque en enfer. Les organisations de défense des droits de l’homme relèvent d’ailleurs que plusieurs autres procès, ou « mascarades de procès », sont actuellement en cours dans ces pays contre des étrangers accusés de délits plus ou moins constitués, face auxquels leurs droits sont loin d’être correctement garantis.
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