L'égal accès aux soins des Français et l'organisation de leurs parcours de santé autour d'un médecin généraliste apparaissent menacés par une multitude de facteurs : baisse des effectifs de généralistes, augmentation des besoins de soins liés au vieillissement de la population et évolution des modes d’exercice qui se traduisent par une baisse de l’activité… Face à cette pénurie annoncée, les mesures et initiatives se multiplient. « La seule certitude, c'est qu'il faudra faire plus avec moins » prophétise Guillaume Chevillard, géographe à l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) et co-auteur d'une étude sur le sujet en 2018. « Les effectifs de médecins seront réduits d'un quart d'ici 2025. Une réorganisation est indispensable pour, sans travailler plus, suivre 25 % de patients supplémentaires » ajoute Luc Duquesnel, généraliste et président des Généralistes-CSMF.
Des mesures correctrices aux résultats mitigés
Conscients des enjeux, les acteurs (État, Assurance maladie, collectivités territoriales) se mobilisent et obtiennent des résultats variés, parfois décevants. L'augmentation, au début des années 2000, du numerus clausus, par exemple, « n’a pas eu d’incidence notable sur les inégalités territoriales d’offre de médecins généralistes, d'autant que la médecine générale est délaissée au moment du choix de la spécialité et qu'aucune régulation géographique de l'installation des médecins n'a été instaurée » constate Guillaume Chevillard. Des incitations ciblent par ailleurs différents moments du parcours du médecin : bourse pour les étudiants qui s'engagent à exercer dans des zones sous-dotées, aide à l'installation ou exonérations fiscales, aide à la construction et au fonctionnement de maisons de santé, etc. Si ces initiatives n'ont pas encore été évaluées, certains résultats sont encourageants. « Les maisons de santé pluriprofessionnelle, créées en coopération avec des médecins et des élus, par exemple, sont pertinentes dans certaines conditions » note Guillaume Chevillard. « On constate un effet positif sur les territoires péri-urbains où la tendance s'inverse. Dans les marges rurales en revanche, on observe un simple amortissement de l'érosion de l'offre. Ce sont alors souvent les conditions d'attractivité du territoire - dynamisme économique, présence de services publics, etc - qui sont en cause ».
Dégager du temps médical, une urgence
De l'avis des représentants des médecins généralistes, c'est bien le fait de dégager du temps médical qui permettra d'augmenter la patientèle de chaque généraliste et ainsi de compenser la baisse des effectifs. « La priorité est de dégager du temps médical. Ce sera notamment le rôle des assistants médicaux. La télémédecine aura également un rôle à jouer. La réponse aux soins non programmés doit aussi être repensée. Les médecins s'organisent pour mettre en œuvre cette réponse au sein des CPTS (Communautés Professionnelles territoriales de Santé), » estime le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. « Dans le contexte démographique actuel, une réorganisation est nécessaire, intégrant des assistants médicaux, mais aussi des infirmières en pratiques avancées (IPA), amenées à jouer un rôle majeur auprès des patients aux pathologies chroniques équilibrées, mais toujours sous la responsabilité du médecin traitant officiant comme chef d'orchestre d'un protocole établi, » ajoute le Dr Luc Duquesnel.
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