Voilà une étude qui apporte de l'eau au moulin du gouvernement, soucieux de développer l'exercice regroupé et coordonné. Réalisée sur la période 2008/2014, l'enquête menée conjointement par la DREES (service des études et des statistiques du ministère) et l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) a comparé l'évolution des revenus des généralistes en secteur I ayant rejoint une MSP à ceux de médecins « témoins » qui n'y exercent pas. Résultat : les bénéfices des premiers progressent plus rapidement.
Les médecins ayant choisi d'exercer en MSP avaient un profil particulier : un peu plus jeunes que leurs confrères (47,7 ans contre 48,7 ans en moyenne), moins souvent des femmes (25,4 % contre 28,6 %), plus nombreux à vivre en couple mariés ou pacsés (83,1 % contre 77,1 %) et ayant plus souvent une activité salariée en complément. Ils étaient installés plus souvent dans des territoires à l’accessibilité aux soins moins favorable (zones rurales, espaces périurbains).

Effet bénéfique sur les forfaits
Enseignement principal : en maison de santé, la hausse plus rapide de la taille de la patientèle a eu un effet direct sur les revenus et l'activité des généralistes concernés. Alors que les revenus de l'ensemble des généralistes « ont augmenté de plus de 10 % » sur la période étudiée, ceux des omnipraticiens exerçant en MSP ont progressé plus rapidement que ceux de leurs confrères. Cette progression supplémentaire du revenu annuel atteint « 2 091 euros comparativement aux médecins exerçant hors de telles structures » – tous les médecins ayant vu par ailleurs leur revenu d’activité s’accroître de 10 285 euros au cours de cette période
Selon les auteurs, cette hausse additionnelle des revenus en MSP « n’est pas liée à un surcroît de consultations et de visites mais, plutôt, à une évolution plus rapide de la taille de leur patientèle et ainsi des paiements forfaitaires associés » – médecin traitant, ALD, etc –, peut-on lire. « La capacité des médecins en MSP à accroître leur patientèle sans augmenter le nombre d’actes dispensés peut s’interpréter comme un effet direct de la coordination entre professionnels de la MSP », analyse la note.
Outre le financement ACI (accord conventionnel interpro) « dont la répartition ou l’utilisation est à la seule discrétion des structures elles-mêmes », l'étude juge donc possible que la pratique en maison de santé « permette de bénéficier d’un plus grand nombre de forfaits », des financements pouvant impacter directement les revenus des médecins.
Qualité des soins préservée
En raison d'une implantation des MSP plus fréquente en zone fragile, cette augmentation de la file active « peut s’interpréter comme une amélioration de l’accès aux soins » des patients n'ayant pas de médecins traitants, ajoute l'étude. Enfin, l’exercice en MSP semble « s’accompagner d’une meilleure réponse aux objectifs de santé publique tels que mesurés par la ROSP ».
Pour la seule année 2014, les généralistes en MSP ont perçu au titre de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) 600 euros de plus que leurs homologues en moyenne. « Ces premiers résultats semblent attester des bénéfices attendus de l’exercice pluriprofessionnel, au sein duquel la coopération entre praticiens et entre médecins et autres professionnels peut permettre de faciliter l’accès et d’améliorer la prise en charge des patients », concluent les auteurs.
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