La vaccination en ville avec Moderna, le deuxième vaccin ARNm avec Pfizer, sera expérimentée à partir de la fin du mois d'avril en Moselle, en raison de la forte présence du variant sud-africain du Covid-19 dans le département. Ce vaccin autorisé depuis début janvier, était jusqu’à présent disponible en centre de vaccination (schéma vaccinal à deux doses) en raison, notamment, des contraintes logistiques (il se conserve à -20 °C).
Une affaire de variants
L'initiative locale s'appuie sur un avis de la Haute Autorité de santé (HAS). Cette instance a en effet recommandé de ne plus utiliser AstraZeneca, trop peu efficace contre le variant sud-africain actif en Moselle, et de mettre en place dans ce département « un accès aux professionnels autorisés à la vaccination en ville » pour les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, ainsi que pour celui de Johnson & Johnson (Janssen), dont le déploiement est retardé.
Fin mars, le variant sud-africain représentait environ 35 % des cas détectés de Covid en Moselle, selon la HAS. « Cette expérimentation pourrait ensuite être étendue en mai dans d'autres départements où la circulation de ce variant est importante », confirme le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes CSMF.
Pour accélérer la campagne de vaccination, plusieurs syndicats de médecins libéraux dont MG France et le SML ont réclamé que les vaccins à ARNm soient mis à la disposition des cabinets médicaux.
Pas de Pfizer en ville
Pour l'heure, si la distribution de Moderna devra se faire par les officines, les conditions d'expérimentation sont en train d'être fixées avec les responsables locaux.
Selon la « task force vaccin » du ministère de la Santé, 6 000 doses de ce vaccin vont être mises à la disposition des médecins pour le démarrage de l'expérimentation. Puis en juin, « c'est 100 000 doses par semaine » qui seront injectées dans le circuit de ville.
Cette expérimentation ne concernera pas Pfizer, exclusivement administré dans les centres de vaccination. « C'est un choix affirmé car il y a une capacité de montée en charge avec ce vaccin dans ces centres. On ne souhaite pas dérouter le flux de ce vaccin vers la ville. C'est un processus compliqué et on ne veut pas déprogrammer les rendez-vous, confie la task force. Par ailleurs, les conditions de conservation de 30 jours sont plus favorables que celles de Pfizer de 5 jours, donc moins facile d'usage pour la médecine de ville. »
Avant le lancement de l'expérimentation, le ministère de Santé doit adresser un courrier aux praticiens mosellans pour clarifier deux points : quel vaccin administrer en premier (AstraZeneca ou vaccin à ARNm) et quel espacement entre les deux doses ? Ce courrier vise à calmer une polémique locale. L'Ordre des médecins de Moselle a exprimé lundi son « incompréhension » face à la décision de l'ARS et de la préfecture de continuer à vacciner avec AstraZeneca, alors que la HAS recommandait de ne plus utiliser ce vaccin, trop peu efficace contre le variant sud-africain.
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