Coup de tonnerre chez les praticiens libéraux ! Les élections aux URPS 2015 ont composé une nouvelle cartographie syndicale sans pour autant renverser toute la table.
Dans un contexte d’exaspération professionnelle aux motifs multiples (rejet massif de la loi de santé et du tiers payant généralisé, climat de contestation tarifaire chez les généralistes, inquiétudes au sujet de la montée en puissance des complémentaires santé, pression sur le secteur II…), la campagne fut écrasée par les enjeux nationaux.
Après la démonstration de force commune de la manifestation du 15 mars (50 000 médecins et internes dans les rues de Paris), les syndicats se sont rapidement lancés dans une surenchère tarifaire et politique pour tenter de se démarquer.
Le leader affaibli
La CSMF, en recul dans les trois collèges, est la grande perdante de ce scrutin même si elle demeure la première organisation (en nombre de voix et en élus). Au niveau national, elle ne pèse plus qu’un quart des suffrages exprimés, talonnée par la FMF. Elle demeure certes en tête chez les spécialistes (40,6 %) mais le syndicat n’est plus que la troisième force syndicale dans les collèges généraliste et AOC. La stratégie confédérale d’une opposition raisonnée au projet de loi de santé n’a pas été payante. « Nous avons été assimilés à la gestion des affaires », analysait le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, déplorant le vote en faveur de « syndicats poujadistes sans propositions ».
Défense catégorielle
Premier en voix (31,3 %) et en sièges dans le collège généraliste, MG France a remporté son pari en confortant sa place de syndicat leader chez les médecins de famille. Avec grosso modo un tiers des suffrages, MG France affiche une solide constance au fil des élections, preuve de son ancrage régional. La partie n’était pas gagnée : le syndicat du Dr Claude Leicher a été la cible de vives critiques au sujet de son positionnement historique bienveillant sur le tiers payant. Mais le syndicat monocatégoriel a su recentrer sa campagne sur la conquête de l’équité tarifaire, la défense du métier, la filière universitaire, les moyens d’exercice ou encore la demande d’un moratoire sur le dossier accessibilité des cabinets. Cette stratégie de défense catégorielle a payé.
Les ultras font le plein
Les élections ont profité aux organisations qui incarnaient le plus clairement l’opposition. La percée de la FMF mais aussi le succès du BLOC (deux tiers des voix parmi les praticiens sur plateaux techniques) doivent beaucoup à des postures radicales : exigence d’abrogation de la loi de santé, menaces de déconventionnement ou encore de blocage sanitaire national. Les alliances locales entre la FMF, Le BLOC et l’UFML, mais aussi le renfort des coordinations généralistes, ont permis des dynamiques électorales efficaces, en particulier dans les régions où les collectifs médicaux spontanés se sont constitués.
Parfum d’amateurisme
Seuls 4 médecins sur 10 ont voté, seuil historiquement bas. La baisse de la participation est sensible dans les trois collèges. L’organisation laborieuse du scrutin, reposant en partie sur des prestataires retenus par chaque ARS, explique aussi le recul du nombre de votants. De nombreux médecins n’ont pas reçu leur matériel dans les temps, d’autres n’ont disposé que de 48 heures pour voter. Dans plusieurs régions, des enveloppes T non tamponnées par la Poste n’ont pas été prises en compte, donnant au scrutin un parfum d’amateurisme. Pas moins de 11 contentieux sont en cours, selon le ministère de la Santé.
La recomposition de l’échiquier syndical, désormais très équilibré, aura des conséquences sur la gouvernance des URPS et sur la négociation qui va s’ouvrir avec l’assurance-maladie (après le résultat de l’enquête de représentativité). De nouvelles coalitions seront nécessaires pour signer la future convention médicale. Cette fragmentation pourrait également faire le jeu des pouvoirs publics.
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