« Trois grandes pathologies sortent et prennent le pas sur les autres : le burn out, les troubles musculo-squelettiques (TMS) et le mal de dos », explique le Dr Philippe Marissal, généraliste dans l’Ain, syndicaliste de MG France. Ce constat n’est pas surprenant selon le médecin ; il est imputable à la crise économique. Intensité et surcharge de travail ont accentué la pression dans le milieu professionnel.
Toutefois, le Dr Marissal précise que même si davantage de patients s’entassent dans les salles d’attente, cela ne signifie pas qu’il y a plus d’arrêts. « La stigmatisation des médecins généralistes et des mauvais patients est une arme habituelle de la caisse nationale d’assurance-maladie : les médecins généralistes sont des voyous et les patients abusent et tirent trop sur la corde. Pourtant je crois que quand les patients le font, il y a une justification », poursuit le médecin.
Le plan lancé par la CNAM pour enrayer la hausse des indemnités journalières n’est pas vu d’un bon œil par la profession qui redoute que les « gros prescripteurs », ceux qui prescrivent trop et surtout trop longtemps, ne soient pas les seuls mis sous surveillance de la CNAM.
La priorité : le patient
Les médecins revendiquent de jouer un rôle d’amortisseur social. Leur priorité reste le patient. « Tant pis si on se fait fliquer. J’ai déjà expliqué, lors d’un contrôle, que mon activité ne pouvait pas s’équilibrer sur six mois pris au hasard dans le calendrier, mais sur 30 ans. L’intérêt est de nous donner les moyens de suivre les patients et de pouvoir pondérer », explique le Dr Marissal. Le généraliste désapprouve cette appréciation purement statistique. Il arrive que certains médecins aient des prescriptions d’arrêts de travail plus importantes pendant quelques mois car la situation économique dans leur région s’est dégradée (fermeture d’entreprises, licenciements, manque de médecins…). Il ne s’agit en aucun cas d’un réel abus du praticien, ajoute-t-il.
Contactée par « le Quotidien », le Dr Jacqueline Buchlin-Gris, généraliste en Alsace, observe également la prédominance des TMS et des situations de burn out parmi les motifs les plus fréquents des arrêts qu’elle signe. « Les conflits professionnels entre patron et salarié sont souvent mentionnés en consultation », explique-t-elle. « Je ne prescris pas plus qu’avant. Au bout de trente ans d’installation on fait des arrêts parce que les patients en ont besoin. (..) Le côté relationnel, c’est ça qui est important en médecine générale. Ce ne sont pas les gens de la Sécu qui doivent nous dire ce que l’on doit faire ».
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