Les médecins évincés de la vaccination antigrippale ? Le SML voit rouge et la Sécu répond

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Publié le 27/09/2019

Crédit photo : S. Toubon

À quelques jours du lancement de la prochaine campagne de vaccination antigrippale 2019-2020 (du 15 octobre jusqu'au 31 janvier 2020), marquée cette année par la généralisation de la vaccination dans les pharmacies d'officine, le Syndicat de médecins libéraux (SML) monte au créneau. Il dénonce « la mise à l'écart du médecin traitant de l'injection vaccinale ».

Très à l'offensive sur le sujet, le syndicat fonde son argument sur le bon de prise en charge de l'acte vaccinal, que l'Assurance-maladie envoie en ce moment, comme chaque année, aux personnes majeures éligibles à la vaccination, « qu’elles aient ou non déjà été vaccinées précédemment ». 

 

Le SML s'insurge de ne pas voir apparaître la case « médecins » à côté des infirmiers et désormais pharmaciens susceptibles d'injecter le vaccin antigrippal aux patients. « L'année dernière, les patients pouvaient se faire vacciner par le médecin ou par l'infirmier. Cette année, on pousse les gens à aller voir l'infirmier et le pharmacien pour cette vaccination et plus la peine d'aller voir le médecin ! », tempête le Dr Philippe Vermesch, président du SML. « À l'heure où on parle d'interprofessionnalité, quand va-t-on associer les médecins aux discussions ? », ajoute le chef de file du SML. Le syndicat exige que l'Assurance-maladie adresse immédiatement des bons rectificatifs aux patients concernés.

Contactée par « le Quotidien », l'Assurance-maladie, droite dans ses bottes, indique que « rien n'a changé pour les médecins » par rapport à l'année dernière. En 2018, les bons envoyés au domicile des patients ne mentionnaient pas plus les médecins. Ces derniers disposaient et disposent toujours, assure la CNAM, d'un bon de prise en charge spécifique avec un volet de prescription téléchargeable sur le site amelipro pour le prescrire à toutes les personnes éligibles aux recommandations vaccinales et à celles qui n'ont pas reçu de bon de prise en charge chez elles. Comme l'année dernière, les personnes éligibles à la vaccination antigrippale, y compris les primo-vaccinants, n'ont pas besoin de prescription médicale pour retirer le vaccin ou pour se faire vacciner par un professionnel de santé autorisé.

Et le retour d'information ? 

Après deux années d'expérimentation dans quatre régions (Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Hauts-de-France), le ministère de la Santé a en effet autorisé, via la loi de financement de la Sécurité sociale 2019, la généralisation de la vaccination antigrippale par les pharmaciens d’officine dès le mois d’octobre 2019. D'où l'ajout du pharmacien sur le bordereau de facturation qui figure dans le volet 2 du bon de prise en charge envoyé aux personnes éligibles. « Cela permet aux infirmiers et aux pharmaciens d'être rémunérés par l'assurance-maladie pour l'acte vaccinal. Le médecin n'en a pas besoin puisqu'il vaccine au cours d'une consultation », précise la CNAM.

Ces explications suffiront-elles à calmer les inquiétudes du SML ? Tout comme les autres syndicats, le SML s'est toujours opposé à la vaccination antigrippale à l'officine, sans jamais réussir à infléchir la volonté du ministère de la Santé d'élargir le nombre de professionnels pouvant pratiquer l'acte vaccinal. Ce partage des tâches « non discuté » avec la profession pose la question du retour d’information au médecin traitant réclamée par les médecins. En mai dernier, des « médecins en colère » ont lancé une pétition qui a réuni jusqu'à 6 600 signatures contre la vaccination à l'officine.


Source : lequotidiendumedecin.fr