S’estimant oubliés de la campagne aux unions régionales des professionnels de santé (URPS), les médecins remplaçants regroupés au sein du syndicat REAGJIR appellent à boycotter les prochaines élections professionnelles qui prendront fin le 12 octobre prochain.
« Les remplaçants sont des libéraux, ils assument toutes les contraintes inhérentes à ce statut (cotisations à l’URSSAF et à la CARMF quand ils sont thésés) et pourtant, ces jeunes qui vont débuter leur carrière sont complètement écartés du scrutin », analyse le Dr Jacques Olivier Dauberton, président de REAGJIR.
Le syndicat réclame depuis sa création une plus grande reconnaissance du statut de remplaçant, jugé trop précaire, avec une « prévoyance obligatoire très sommaire et inégalitaire ».
Cette demande récurrente d’un statut spécifique, déjà formulée au début des années 2000, n’a jamais été accordée par les pouvoirs publics.
Un bataillon de 11 000 praticiens
REAGJIR revient à la charge et veut que les jeunes médecins puissent être conventionnés dès la fin de leur cursus universitaire. Dans un monde idéal, les diplômés frais émoulus seraient rapidement titulaires d’un numéro de RPPS et d’une carte de professionnel de santé (CPS) avant de commencer à remplacer. Ce conventionnement permettrait aux remplaçants de sécuriser leurs avantages sociaux et fiscaux. Et surtout, estime REAGJIR, de participer activement aux négociations conventionnelles sur l’avenir de leur exercice.
Aujourd’hui, les quelque 11 000 remplaçants recensés au 1er janvier 2015 par l’Ordre n’ont pas la possibilité d’élire ceux qui décideront de leur avenir pour les cinq prochaines années, ajoute le syndicat.
Pour une rémunération diversifiée
REAGJIR estime que les revendications de la génération future ne sont pas suffisamment portées par les syndicats de médecins seniors. Les jeunes médecins sont notamment favorables à une diversification des modes de rémunération quand les syndicats de seniors réclament une « hausse du C à 25 ou 30 euros, voire plus », regrette le Dr Dauberton. « Nous avons adressé un questionnaire aux quatre syndicats représentatifs de médecine générale et seuls l’UNOF et MG France nous ont répondu », observe-t-il.
Les deux syndicats se sont montrés réticents au conventionnement des remplaçants. L’UNOF estime que cela « les limiterait dans le choix des médecins qu’ils peuvent remplacer » tandis que pour MG France, « si conventionnement des remplaçants il y a, il ne peut être équivalent à celui d’un médecin qui prend la responsabilité effective de patients qui le choisissent ».
Période transitoire
Les initiatives parlementaires se multiplient ces dernières années pour inciter les remplaçants à franchir le pas de l’installation. Un amendement du projet de loi de santé à l’initiative de sénateurs socialistes visait à limiter la durée du remplacement ; il a été retiré in extremis lors de son examen en séance plénière.
Le Dr Dauberton regrette cette vision négative portée sur ce mode d’exercice. « Certains ont peur que les remplacements se pérennisent. Or, les jeunes remplacent en moyenne jusqu’à 38 ans. » Le remplacement est une période transitoire et plus que le travail à l’hôpital, permet de favoriser l’installation en médecine générale, ajoute le syndicaliste.
Déçu de la tournure de la campagne, REAGJIR appelle donc les médecins libéraux à ne pas prendre part au scrutin des URPS. Le syndicat est sûr d’être suivi par les jeunes médecins remplaçants... puisqu’ils n’ont pas le droit de vote.
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