Les jeunes médecins affichaient leur satisfaction après leur entrevue avec plusieurs députés socialistes, dont Le Dr Michèle Delaunay, Catherine Lemorton et Annie Le Houérou, ce mardi 25 octobre, quelques minutes seulement avant le début en séance plénière du budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.
Les syndicats d'étudiants (ANEMF), d'internes (ISNI et ISNAR-IMG), de chefs de clinique (ISNCCA) et de jeunes généralistes (SNJMG et REAGJIR) ont tenté de persuader les parlementaires socialistes de revenir sur le conventionnement sélectif des médecins libéraux en zone surdotée. La mesure, qui a fait l'objet d'un amendement voté en commission des Affaires sociales, cristallise la colère de la jeune génération depuis une semaine.
Un message d'apaisement
Quelques heures avant cet entretien, la députée PS de Gironde, le Dr Michèle Delaunay, confiait au « Quotidien » vouloir faire passer un « message d'apaisement et de réflexion ». Après s'en être remis à la sagesse des députés en commission, la rapporteure de ce PLFSS 2017 pour l'Assurance-maladie se déclarera clairement défavorable à cette disposition en séance plénière. « Une nouvelle convention vient d'être signée, est-ce le moment opportun d'adopter cette règle, qui plus est décidée sans concertation ? a-t-elle déclaré. Cela serait vécu comme un mauvais coup par les médecins. »
À la sortie, les six syndicats ont affirmé que la réunion a été « productive ». « Les députés ont été à l'écoute, le dialogue va se poursuivre », confient-ils. Ils n'ont pas hésité à leur rappeler que cet amendement sera « inefficace » et « aura pour seul effet de porter atteinte aux fondements de notre système de soins ». Le Dr Michèle Delaunay et Catherine Lemorton ont assuré aux jeunes qu'elles donneraient un avis défavorable en séance. Annie Le Houérou, à l'origine de l'amendement, n'a, elle, pas changé d'avis.
Réfléchir ensemble
« Elle souhaite une réponse immédiate à la problématique de la démographie médicale. Elle a comparé la mesure à la démographie des pharmaciens et infirmiers, mais, chez les médecins, nous ne sommes pas assez nombreux. On ne peut pas avoir un médecin partout demain », a expliqué Stéphane Bouxom, porte-parole à l'ISNAR-IMG.
Pour contrecarrer les problèmes de la démographie médicale, l'ensemble des jeunes syndicats appellent à « réfléchir ensemble » et « dès la formation des étudiants ». Selon les eux, la santé n'occupe pas assez de terrain en vue de l'élection présidentielle. « Il faut éviter les mesures d'affichage et avoir de l'ambition politique », a tranché Baptiste Boukebous, président de l'ISNI.
Lors de l'ouverture des débats sur le PLFSS, ce mardi après-midi, la ministre de la Santé a réaffirmé son opposition au conventionnement sélectif et soutenu les mesures incitatives à l'installation des médecins. L'amendement sera discuté dans l'Hémicycle jeudi ou vendredi.
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