Manque de temps, frustration, relations avec les patients : ces facteurs de stress qui mènent les généralistes au burn-out

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Publié le 11/12/2017

La sensation de « travail empêché » chez les médecins joue fortement sur l'épuisement émotionnel et la dépersonnalisation, deux causes de burn-out. C'est ce que révèle une étude* menée par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale du travail et de la santé à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, présentée ce lundi lors du 3e colloque de l'association Soins aux professionnels de santé (SPS).

Cette étude se penche sur quatre catégories de facteurs de stress pour la santé des soignants : la charge de travail perçue, les relations avec les patients, la sensation de travail empêché et la frustration. Il s'avère que c'est le « travail empêché » – c'est-à-dire le sentiment de ne pas faire son travail convenablement, de ne pas consacrer assez de temps à ses patients, ou encore l'impossibilité d'utiliser toutes ses connaissances – qui a le plus d'impact sur l'épuisement émotionnel (manque de ressources, perte d'énergie) et la dépersonnalisation (mettre de la distance entre soi et le patient).

Le poids de la frustration

Le second facteur de stress qui a le plus d'impact sur la santé mentale des soignants est la frustration liée à l'impossibilité de se former ou à trouver des remplaçants. Cette frustration a beaucoup de poids sur l'épuisement émotionnel. Viennent ensuite les relations avec les patients, qui jouent plus sur la dépersonnalisation. Parmi les réponses citées par les médecins, on retrouve des demandes de prescription qui semblent injustifiées ou qui sont excessives, le manque de coopération de ceux-ci, le fait d'arriver avec un diagnostic tout fait, ou encore l'incivilité.

La charge de travail peu impactante

Quant à la charge de travail, « elle n'est pas forcément considérée comme un facteur de stress pour les médecins généralistes interrogés », indique Didier Truchot. « Elle joue donc de façon moindre sur le burn-out. En revanche, on remarque que plus les consultations sont courtes, plus le sentiment de prise de distance par rapport aux patients est fort. »

L'étude révèle par ailleurs que les femmes médecins sont plus touchées par l'épuisement émotionnel et professionnel que les hommes, « car elles ont plus des responsabilités à assumer en plus de leur métier, à la maison, comme les tâches domestiques », veut croire Didier Truchot. Par ailleurs, vivre en couple et travailler en cabinet de groupe sont des paramètres qui protègent les généralistes du burn-out, car ils permettent « de partager les émotions ».

* Étude menée du 10 au 23 novembre 2017 auprès de 1 654 médecins généralistes libéraux, répartis sur toute la France et issus des bases de données de Vidal.


Source : lequotidiendumedecin.fr