« Comme d’habitude, nous avons appris cela par la presse ! C’est une drôle façon de travailler en partenariat avec les médecins libéraux. Je peux imaginer qu’il y a eu des injonctions présidentielles mais cette méthode est inacceptable ». L’agacement du Dr Jacques Battistoni, président de MG France, en dit long après l’annonce d’Olivier Véran d’ouvrir dès la fin du mois de mars et courant avril des mégacentres de vaccination anti-Covid.
Absorber toutes les doses d’avril
« On peut les appeler "vaccinodromes" ou "mégacentres"…», a commenté le ministre de la Santé, prenant soin néanmoins d’éviter toute référence aux gymnases de vaccination mis en place lors de l’épidémie de H1N1 en 2009. À l’époque, ce dispositif étatisé avait rencontré peu de succès face au scepticisme des patients et des libéraux, et cette stratégie avait surtout incarné le refus de s’appuyer sur la médecine de ville.
« Au moins 35 centres vont être déployés à la fois par l’armée et les pompiers sur le territoire national », a précisé le ministre de la Santé en indiquant que la mise en place de ces mégacentres permettrait d’utiliser « toutes les doses qui seront livrées à la France à partir du mois d’avril ».
Un à deux vaccinodrome par département ?
À terme, le gouvernement espère ouvrir un à deux vaccinodromes par département (100 à 200 au total), en concertation avec les autorités locales – l’objectif étant de pratiquer 1 000 à 2000 injections quotidiennes par structure. L’objectif d’un million de doses absorbées par semaine est même cité dans l’entourage d’Olivier Véran.
Ces grands centres seront ouverts à la prise de rendez-vous et certains créneaux seront affectés à la population prioritaire, alors qu’Emmanuel Macron a annoncé que les plus de 70 ans sans comorbidité pourront bénéficier de la vaccination dès samedi afin d’éviter toute perte de doses. Parallèlement, une campagne d’appels téléphoniques, assurée par l’Assurance-maladie, doit débuter ce week-end pour aider les plus de 75 ans à trouver des rendez-vous.
Le gouvernement souhaite également élargir le champ des « vaccinateurs » aux étudiants en santé et aux vétérinaires : sollicitée, la Haute autorité de santé (HAS) devrait rendre une décision en fin de semaine.
Effets d’annonce ?
Mais pour MG France, « ces mégacentres n’ont de sens que s’il y a des vaccins disponibles, ce sont donc encore des effets d’annonce ». Le syndicat de généralistes aurait préféré davantage de financement immédiat pour les centres existants. À cet égard, les autorités veulent aussi augmenter la capacité vaccinale des centres actuels afin d’accélérer la cadence.
« Les vaccinodromes n’ont leur place que si les centres actuels ne sont pas en capacité de répondre aux besoins de vaccination, recadre aussi le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Or ce n’est pas le cas dans de nombreux territoires ». « Ma grosse crainte, c’est que l’on soit dans une opération de communication tant de la part du gouvernement que des maires », ajoute le généraliste mayennais.
La FMF est sur la même longueur d’onde. « Nous sommes contre les vaccinodromes, déplore le Dr Corinne Le Sauder, présidente du syndicat. Pourquoi ne pas permettre aux médecins de vacciner avec Pfizer si les conditions de conservation sont respectées ? Visiblement, on fait tout pour décourager les généralistes. »
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