« Paris, nouveau désert médical ? », titrait « 20 Minutes » en 2016 à l’occasion de la sortie du traditionnel Atlas démographique du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Une question qui, deux ans plus tard, reste d’actualité : « On assiste à une désaffection pour l’installation libérale à Paris », déclarait par exemple le Dr Roger Rua, ancien président du Syndicat des médecins libéraux (SML) au « Parisien » en mars dernier. C’est entendu, la capitale a, elle aussi, un problème de démographie médicale. Mais de quoi au juste parle-t-on ?
Il faut tout d’abord préciser que le déficit concerne avant tout la médecine générale. La ville de Paris a, d’après le dernier Atlas du CNOM, perdu 25 % de ses généralistes entre 2010 et 2017, ce qui la classe au 2e rang des départements français où leur nombre a le plus diminué. Seule la Nièvre (-27 %) fait pire. Mais si l’on s’intéresse à l’ensemble des médecins, le tableau change : l’Atlas 2017 dresse également la liste des 15 départements ayant perdu le plus de praticiens, toutes catégories confondues, entre 2007 et 2017, et la capitale n’y figure pas.
Le désert, mais pas partout
En plus d’être concentré sur une spécialité, le problème de la baisse du nombre de médecins parisiens est limité à certains quartiers. D’après la cartographie publiée par l’Agence régionale de la santé (ARS) d’Île-de-France cette année, seuls deux arrondissements de la capitale (le XVIIIe et le XIXe) sont entièrement classés en Zone d’intervention prioritaire (ZIP), qui donne droit aux aides à l’installation de l'État et des collectivités locales et à celles (conventionnelles) de l’Assurance maladie.
Ajoutons que trois autres arrondissements (le XIIIe, le XIVe et le XXe) sont entièrement classés en Zone d’action complémentaire (ZAC), ce qui ne permet que le versement des aides de l’État. Dans ces derniers, quelques quartiers sont également classés en ZIP. Mais bien que les arrondissements classés en ZAC ou en ZIP comptent parmi les plus peuplés de la capitale, 59 % des Parisiens vivent dans un quartier ne faisant pas l’objet de mesures spécifiques de la part de l’ARS.
Pas tout à fait privé de désert
Le fait que le désert parisien soit relativement circonscrit ne doit pas faire oublier que si l’on élargit la focale et que l’on se place à l’échelle régionale, la situation est bien différente. Ce sont en effet 9,1 millions d’habitants, soit 76 % de la population francilienne, qui vivent d’après la cartographie de l’ARS en ZIP ou en ZAC. Certains départements sont particulièrement touchées : 90 % de la population de Seine-et-Marne est par exemple dans l’une des deux catégories.
D’autre part, la moyenne d’âge des médecins inscrits au tableau à Paris est d’après la cartographie interactive de l’Ordre de 59,4 ans, ce qui classe la capitale au 18e rang des départements français où les praticiens sont les plus âgés. Si Paris n'est pas (encore) un désert médical comme les autres, il risque donc bien de le devenir sous peu.
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