LE QUOTIDIEN - Présentés comme l’avenir de la médecine de premier recours, les maisons et pôles de santé sont sur toutes les lèvres. Effet de mode ou engouement certain ?
DR PIERRE DE HAAS - Plus de 250 maisons de santé parsèment le territoire et plus d’un millier de projets sont en cours. Les pôles de santé, ces regroupements « hors les murs », servent parfois de tremplins aux professionnels de santé, qui expérimentent ce système avant de se lancer dans l’aventure de la maison de santé. Il y a deux ans, on se demandait si la mayonnaise allait prendre. Désormais, on ne se pose plus la question… Au point de ne plus savoir où caser les 340 participants attendus aujourd’hui et demain au lieu des 200 initialement prévus (1) !
Cette tendance est-elle partie pour durer ?
Nous avons déjà une bonne vision de ce que sera l’offre de soins dans deux ans, le temps qui sera nécessaire à ces 1 000 projets pour voir le jour. Chaque maison de santé concentre en moyenne quatre à cinq médecins. En 2014, près de 5 000 médecins auront un exercice regroupé en plus de ceux déjà installés, soit grosso modo 10 % de la totalité des praticiens sur le territoire.
Que doivent faire les médecins aux manettes d’un projet pour assurer la pérennité de leur future maison de santé ? Et que doivent-ils éviter ?
Un leader doit mener la danse, entouré de personnes motivées et volontaires. Le soutien des élus locaux est tout aussi important. L’inverse peut faire capoter le projet. Parfois aussi, des petits conflits entre élus font que certains se jettent à bras-le-corps dans la construction d’une maison de santé sans prendre le temps de recueillir l’aval des professionnels de santé. Résultat : une coquille vide dans laquelle ils recrutent des médecins étrangers… Cela étant dit, les retours d’expérience indiquent tout de même plus de succès que d’échecs.
Les médecins connaissent-ils des difficultés dans l’appropriation des protocoles pluriprofessionnels de soins ?
Ce n’est pas tant une difficulté technique ou intellectuelle que comportementale. Les professionnels de santé doivent apprendre à passer d’un exercice individuel à un exercice de groupe. Le médecin qui laisse son patient diabétique entre les mains du pharmacien et de l’infirmier s’interrogera toujours sur le regard que porteront ces derniers sur son patient.
Depuis quelques jours, un décret a concrétisé les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA)…
Ce texte est une réponse aux contraintes juridiques et fiscales connues par la centaine de maisons et pôles de santé. Ce nouveau statut leur apporte bien plus de transparence. Il nous reste encore à élaborer dans les semaines à venir les statuts types.
(1) Programme sur le site http://www.ffmps.fr/
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