LES DISCOURS de Marisol Touraine sur la place du médecin généraliste dans le système de santé avaient suscité l’espoir... « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’impatience et nous attendons des mesures concrètes », prévient le Dr Leicher, président d’un syndicat qui entend traduire « l’exaspération » des généralistes.
Lors de son dernier comité directeur, MG France a jugé qu’il fallait passer des beaux discours aux actes. Du coup, le syndicat réclame un arbitrage clair en faveur de la médecine générale dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Un médecin généraliste français gagne à peu près un tiers de ce que gagne un gatekeeper anglais, ou un généraliste allemand », assène le Dr Leicher. Selon les comptes de la Santé cités par MG France, les honoraires totaux des généralistes ont augmenté de 541 millions d’euros pendant la durée de la précédente convention (2005 à 2010) quand, dans le même temps, la hausse s’élevait à 1,8 milliard d’euros pour l’ensemble des autres spécialistes. « Il faut inverser la tendance et investir massivement sur la médecine générale en injectant 500 millions d’euros par an pendant 6 ans », clame le Dr Leicher.
Forfait médecin traitant pour tous, tiers payant.
Au-delà de cet investissement fléché, le syndicat juge qu’il est temps de renforcer la place du généraliste dans le parcours de soins. Pour MG France, tous les Français (y compris ceux de moins de 16 ans) doivent disposer dès la naissance d’un médecin traitant, permettant aux praticiens de bénéficier du forfait annuel afférent. Autres doléances : le tiers payant généralisé - une promesse de campagne de François Hollande en secteur I - et une meilleure prise en charge des congés maternité pour faciliter l’installation libérale des jeunes femmes médecins (nouvel avantage conventionnel).
Mais surtout, MG France ne trouve pas son compte dans les négociations entamées sur les dépassements. Le Dr Leicher se dit même « scandalisé » par le projet de contrat d’accès aux soins présenté par l’assurance-maladie. Le texte est selon lui trop favorable aux spécialistes de secteur II. « Ce contrat propose de réduire les charges des médecins de secteur II et de mieux rembourser les patients qui se rendraient chez ces praticiens. » Le simple gel des taux de dépassements et « l’absence de réelle contrepartie » seraient autant de provocations. « On va bientôt donner une médaille aux "bons dépasseurs" qui demandent 80% ou 90% de compléments d’honoraires », s’étrangle le président de MG France. Pour lui, « il faut aller vers une hausse régulière des tarifs de secteur I en privilégiant la médecine générale et les praticiens des plateaux techniques lourds ».
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