Est-ce parce qu'il est le seul candidat à prôner le conventionnement sélectif des médecins en zone surdotée que Benoît Hamon (PS) n'avait envoyé aucun conseiller à la convention nationale des jeunes médecins ? Lors de cette journée de « brainstorming » sur l'accès aux soins, organisée mercredi à Paris par les étudiants (ANEMF), internes (ISNAR-IMG), chefs (ISNCCA), et jeunes généralistes installés et remplaçants (SNJMG et REAGJIR), tous les représentants des principaux candidats à l'élection présidentielle ont en tout cas défendu le maintien de la liberté d'installation.
La majorité des prétendants à l'Elysée veulent aussi augmenter le nombre de médecins en formation. Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron et Nicolas Dupont-Aignan plaident pour une hausse du numerus clausus. « Il faut desserrer l'étau et rendre l'exercice médical plus attractif car aujourd'hui, 25 % des médecins diplômés ne s'installent pas, a clamé Jean Leonetti (LR), représentant de François Fillon. Pour ce faire, nous préférons le contrat à la contrainte ! »
Également hostile au conventionnement sélectif réclamé par nombre d'élus et associations de patients, Emmanuel Macron propose en revanche un service sanitaire, sous la forme d'un stage qui serait réalisé dès le deuxième cycle dans un territoire rural ou semi-rural. « Aujourd'hui, les étudiants sont mal formés à ce qui les attend en médecine de ville », souligne son conseiller d'En Marche, le Dr Michel Amiel.
Plaidoyer pour les maisons de santé
Marine Le Pen suggère tout de même de mettre en place un stage d'internat de six mois dans une zone sous-dotée. « Les rustines ne suffisent plus, les déserts s'étendent selon les nouveaux critères de Marisol Touraine avec douze millions de personnes concernées », souligne Mickaël Ehrminger, secrétaire général du collectif des usagers de la santé au Front national.
Presque comme un seul homme, les candidats se disent prêts à développer la pratique coopérative en maison (ou pôle) de santé, un mode d'exercice pluridisciplinaire qui séduit et rassure la jeunesse. « Attention toutefois à ne pas tomber dans l'excès, certaines MSP se concurrencent entre elles », nuance le Dr Jean-Pierre Enjalbert, « monsieur santé » de Nicolas Dupont-Aignan pour Debout la République.
Jean-Luc Mélenchon mise prioritairement sur les centres de santé et le salariat. « Nous voulons ouvrir 4 000 nouveaux centres, les jeunes veulent travailler dans un cadre salarié », assure Noam Ambrourousi, porte-parole santé du candidat de la France insoumise.
« Aucun candidat ne veut mettre en place de mesure coercitive, réjouissons-nous ! », a salué Stéphane Bouxom, porte-parole de l'ISNAR-IMG et coordonnateur de la convention.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique