Premier tour de la primaire à gauche dimanche

Santé, protection sociale : ce qu'ils mijotent

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Publié le 19/01/2017
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Crédit photo : AFP

Les sept candidats à la primaire à gauche s'expliqueront ce soir, pour la dernière fois, avant le premier tour du scrutin, dimanche.

Dans ce débat diffusé à 20 h 55 sur France 2 et Europe 1, parleront-ils autant de la santé et de la Sécu que lors des deux précédentes confrontations télévisées ?

Comme pour la primaire à droite (notre édition du 17 novembre 2016), le « Quotidien » a passé au crible les programmes de Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, François de Rugy, Jean-Luc Bennahmias et Sylvia Pinel dans cinq domaines : médecine libérale, démographie/permanence des soins, politique hospitalière, Sécurité sociale et santé publique. 

Le curseur du panier de soins

Très souvent absente des campagnes présidentielles, la santé y tient cette fois bonne place. Après la polémique lancée par François Fillon sur « le petit risque et le gros risque », le débat sur le « panier de soins » et la répartition de sa prise en charge entre assurance-maladie obligatoire et complémentaires santé divise autant qu'il stimule les compétiteurs (au moment où rebondit la question de l'augmentation du reste à charge).

Manuel Valls défend un panier de soins de ville 100 % remboursé sans préciser ses modalités. Arnaud Montebourg et Vincent Peillon lancent l'idée d'une mutuelle publique, le premier à 10 euros par mois pour couvrir les frais optiques, dentaires et audioprothétiques, le second à « un coût acceptable ». François de Rugy et Benoît Hamon se démarquent en réclamant un investissement accru des complémentaires. « Novateur, le débat sur le remboursement des soins fait écho aux imperfections de l'accord national interprofessionnel (ANI), qui rend obligatoire les complémentaires en entreprise mais ne concerne que les salariés, décrypte le Dr Claude Pigement, ancien responsable santé du Parti socialiste. Il s'agit de combler les trous dans la raquette. »

Sur la médecine de ville, la diversité des positions confirme le clivage à gauche entre les défenseurs des incitations et les partisans de la coercition et de l'encadrement. En quête de recentrage, mais au risque de verser dans la provocation, Manuel Valls veut à la fois « limiter » la liberté d'installation, supprimer les dépassements d'honoraires en secteur II et en finir avec le numerus clausus ! Un trio explosif qui n'existait pas dans son programme pour la primaire de 2011. Ancré sur son aile gauche, Benoît Hamon est favorable au déconventionnement des médecins en zone surdotée. Arnaud Montebourg, partisan de mesures musclées en 2011, a depuis nuancé son propos (lire ci-dessous). 

Aucun candidat n'exerce son droit d'inventaire du quinquennat Hollande au point de remettre en cause la loi de santé et le tiers payant généralisé, qui ont braqué la profession.  

Fracture à l'hôpital

La politique hospitalière des candidats révèle une autre ligne de partage. Quand Arnaud Montebourg réclame 5 000 postes supplémentaires par an, Manuel Valls plaide pour un assouplissement statutaire de la fonction publique et un surplus de méritocratie (notation par les usagers, mesure de la performance). « C'est courageux de sa part même s'il n'évoque pas plus que les autres l'absentéisme ou la lutte contre la fraude et les prescriptions inutiles », juge Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'IFRAP, un laboratoire d'idées libéral. 

C'est finalement sur les sujets de santé publique que les candidats sont les plus inspirés (lire ci-dessous). Aux yeux de Claude Le Pen, aucun ne tire pourtant son épingle du jeu. « Aborder ce thème n'est pas idiot si l'on est concret, ce qui n'est pas le cas, tranche l'économiste de Paris-Dauphine. On surestime l'impact économique d'une politique de prévention, qui n'est ni gratuite ni facile à mettre en place. Et ça, personne n'en parle. »

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9548