Il y a quelques jours de cela un certain nombre de médecins (généralistes et urgentistes) du département se sont réunis pour écouter les chirurgiens orthopédiques de l’hôpital local. À la fin de l’intervention de nos confrères, nous nous sommes tous restaurés, et nous avons échangé nos points de vue sur certains événements politiques ou professionnels.
Ainsi, un jeune urgentiste, quelque peu désabusé, a pris la parole. Il nous a fait part de son quotidien dans le service des urgences ; service qu’il a quitté il y a quelques mois pour aller travailler en privé. Lors de sa prise de parole il nous a relaté une histoire qui l’a profondément marquée.
Un patient de plus de 80 ans est hospitalisé à la demande de son généraliste. Il a chuté dans son appartement, et son médecin traitant souhaite confirmer une éventuelle fracture du bassin. De ce fait il oriente cette personne vers le service des urgences le plus proche. Dès son arrivée il est pris en charge, et compte tenu de l’absence de critère de gravité il reste sur son brancard.
Faute de personnel, moins d'écoute
Huit heures après, notre confrère urgentiste passe dans le couloir. Il est tracassé par la situation clinique d’un autre patient, et lors de sa déambulation il est apostrophé par notre petit papy qui souhaite aller aux toilettes. Après un temps d’arrêt le collègue s’interroge et se pose de nombreuses questions : Où se trouvent les pistolets, et les bassins ? A-t-il la possibilité de demander le concours d’aides soignantes, sachant qu’elles sont débordées du fait d’un afflux de patients et qu’il risque de se faire envoyer sur les roses ? Bénéficie-t-il de suffisamment de temps pour accéder à la demande de ce patient ? Il est attendu dans un autre box, et doit gérer une situation très complexe et qui nécessite une prise en charge rapide.
En fait, notre confrère ne nous a pas expliqué comment il a accédé à la demande de ce patient, mais nous pouvons aisément comprendre que la solution choisie n’a pas été satisfaisante sur un plan humain. Ce cas, nous démontre que les urgences de nos hôpitaux deviennent des lieux où les rapports humains se dégradent de manière exponentielle. Du fait d’un manque de personnel, il n’est plus possible d’avoir une écoute empathique ou une prise en charge en accord avec ses propres principes.
Cela est très triste et dénote une situation que notre ministre de tutelle doitprendre en compte ! Comment réagirait-elle si elle vivait le même inconfort que ce patient âgé qui n’a rien demandé pour attendre plus de 8 heures sur son brancard ?
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur