MARDI dernier, le Dr Mullier reçoit un appel d’une jeune femme qui se plaint de douleurs au dos. Après avoir « fait le diagnostic au téléphone », il se rend chez la patiente, mais, fatigué, préfère rester dans sa voiture, après avoir chargé sa compagne, qui n’a pas la moindre formation médicale, de monter chez la patiente, afin de l’ausculter puis de lui administrer une piqûre antalgique. Une tâche dont la compagne s’est, à ses dires, parfaitement acquittée, offrant même ensuite… une cigarette à la jeune femme pour la calmer. Toutefois, comme les douleurs persistaient, la compagne a décidé de faire une seconde piqûre… en récupérant la seringue de la première injection dans la poubelle où elle l’avait jetée, mais, a assuré le médecin, « en changeant l’aiguille ».
Toute l’affaire serait sans doute restée dans l’ombre si la jeune patiente, interloquée par la récupération de la seringue usagée, n’avait finalement préféré la raconter un peu plus tard au service des urgences de l’hôpital du secteur. L’histoire a éveillé la curiosité de la RTBF, la télévision publique belge, qui s’est empressée d’aller interview le médecin : « J’ai tout expliqué à ma copine, elle ou moi c’est la même chose, et elle a fait ce que je lui ai dit de faire », a-t-il déclaré avec le plus grand calme, « et je ne vois vraiment pas pourquoi la patiente s’est étonnée : il n’y avait aucun risque à procéder ainsi ».
Plainte au pénal.
Diffusé lors des informations du lendemain, le reportage de la RTBF a suscité un mélange d’hilarité et d’effroi chez les téléspectateurs belges… mais n’a pas fait rire du tout les organisations médicales du royaume, qui se sont déclarées très choquées par ce comportement. L’Ordre régional des médecins du Hainaut a lancé une procédure contre le médecin, en l’excluant immédiatement du tour de garde de la région. En revanche, une éventuelle interdiction d’exercice ne pourra pas être prononcée avant plusieurs mois ou années, en raison de la longueur de la procédure nécessaire pour cela.
L’affaire est montée jusqu’au sommet de l’État, et la ministre de la Santé, Laurette Onkelinx, a décidé de porter plainte au pénal contre le médecin, soulignant que « cette histoire est "hallucinante" et inacceptable : si la gravité des faits n’entrait pas en considération, on aurait pu la croire sortie du film "Bienvenue chez les Ch’tis". » Paradoxalement, la compagne du médecin risque plus d’ennuis judiciaires que lui, car, contrairement à ce dernier, elle pourrait être poursuivie pour exercice illégal de la médecine, un délit plus lourdement puni qu’une « simple » faute professionnelle du médecin.
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