Saint-Denis-en-Val, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Chécy veulent mettre fin au débauchage sauvage des médecins. Ces trois communes de la métropole orléanaise viennent de signer une « charte solidaire et responsable » à travers laquelle elles s’engagent à ne pas concurrencer les villages avoisinants dans le recrutement de médecins.
Ce texte, rédigé avec le collectif de citoyens CITLab, leur interdit de procurer des avantages financiers directs aux candidats à l’installation et de surenchérir sur les aides qui leur sont proposées.
« On veut empêcher que les maires se tirent la bourre et se livrent à une surenchère financière pour faire venir des médecins sur leur commune », résume le Dr Jean-Paul Briand, généraliste à la retraite, ancien conseiller municipal et membre actif du collectif CITLab.
Les petites communes, aux revenus limités, sont les premières victimes de ce phénomène. Saint-Denis-en-Val en a fait les frais alors que la mairie recherchait des praticiens pour combler le départ d’un généraliste à grosse patientèle. « Nous avons eu des contacts avec plusieurs candidats. Ils me disaient : "ce que vous m’offrez, c’est moins que la commune d’à côté. Si vous ne vous alignez pas, on n’ira pas chez vous” », raconte Gérard Boudon, adjoint au maire. Saint-Denis-en-Val ne pouvait pas s’aligner sur les conditions proposées par la maison médicale financée par le village voisin.
Le phénomène a tendance à s’amplifier alors que les communes sont de plus en plus confrontées aux départs à la retraite de généralistes. « Certains médecins en profitent, c’est humain, regrette l’élu. Il y a en un qui m’a même demandé si je pouvais trouver un emploi à son épouse. La conversation s’est arrêtée là… »
Des chasseurs de primes qui nuisent à l’image de la profession
Ce mercato médical inquiète le Dr Briand : « Quand on écoute les gens, on voit bien que cela nuit à l’image des médecins auprès des élus et de la population. Même si ça ne concerne que très peu de confrères ! » Pour l’ex-généraliste, ces pratiques donnent des arguments aux partisans de la remise en cause de la liberté d’installation.
Autre conséquence sur le plan financier : « Si le médecin d’à côté bénéficie d’une aide financière, c’est une forme de concurrence déloyale pour ses confrères qui n’ont rien », explique le Dr Briand. Selon lui, le Conseil de l’Ordre devrait intervenir. Il suggère également que les ARS pourraient reprendre l’idée d’une charte telle que celle qui vient d’être signer pour mettre fin à ces dérives.
Cette charte pourrait d’ailleurs s’élargir à d’autres villages. « Nous discutons pour que les 19 autres communes de la métropole d’Orléans la signent, indique Gérard Boudon. De nombreux élus sont d’accord sur le fond mais hésitent à nous rejoindre, par frilosité. » En attendant, les chasseurs de primes ont encore de beaux jours devant eux.
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