ROMPRE LE « SILENCE assourdissant » des tutelles nationales, attirer le regard de la ministre Marisol Touraine sur leurs structures. C’est ce que vont tenter de faire quelque 500 médecins réunis jusqu’à ce soir à Paris à l’occasion du 52e congrès national des centres de santé.
Las d’être relégués au second plan derrière les très en vogue maisons et pôles de santé libéraux qui fleurissent sur le territoire, les 1 400 centres de santé français – la première, à Ivry, date de 1898 ! – veulent passer de l’ombre à la lumière. Ces centres emploient 14 000 professionnels de santé dont 2 500 médecins généralistes et spécialistes. Ils effectuent des missions de santé publique dans les secteurs médical, dentaire et infirmiers. « Les centres ont la côté auprès des élus locaux, argumente le Dr Éric May, président de l’Union syndicale des médecins des centres de santé (USMCS), organisateur du congrès. Plus de 15 nouveaux projets ont été recensés l’an passé dans la Nièvre, en Haute-Marne, dans le Puy de Dôme… Contrairement aux murs des maisons de santé, souvent bâtis pour rien car vides de médecins, l’exercice en centre, salarié, plaît et attire les professionnels de santé ». Le Dr Richard Lopez, président de la Fédération nationale des centres de santé, est également persuadé que les centres ont une carte à jouer dans le système de soins. « Les dépassements d’honoraires, les discussions sur la valeur des actes, toutes ces négociations corporatistes… On doit sortir du tout libéral et plus se tourner vers les besoins des populations. C’est ce que font les centres de santé », argumente-t-il.
Poches trouées
Les médecins des centres ont troqué leur stéthoscope contre l’attaché-case du VRP, d’abord pour défendre l’accès à la santé pour tous (le tiers-payant et les tarifs opposables sont obligatoires dans les centres), mais aussi parce qu’un grand nombre de ces structures se retrouvent aujourd’hui le couteau sous la gorge, faute de financement. Gérés par des organismes à but non lucratif (mutuelles, associations), des collectivités territoriales ou des établissements de santé, les centres de santé n’ont plus les reins assez solides pour faire face seuls à leur déficit. Dans les Bouches-du-Rhône, 11 établissements gérés par le Grand conseil de la mutualité (GCM), sont sur le point de mettre la clé sous la porte. « Le financement des centres doit être réformé, explique le Dr May. Sans l’aide des tutelles nationales, c’est leur avenir et leur pérennité qui sont en jeu ». L’Union syndicale des médecins des centres de santé milite pour l’instauration d’un tronc commun conventionnel pour les centres et les maisons de santé qui permettrait de pousser le développement des structures polyvalentes (infirmier, dentaire et médical réunis). Cette disposition pourrait prendre place dès avril 2013, lors de la renégociation de l’accord national des centres de santé.
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