DE NOTRE CORRESPONDANT
LE DR PATRICK Gasser, président de l’URPS-médecins libéraux des Pays de la Loire, avait souhaité des Rencontres de La Baule 2012 « sans langue de bois ». Son vœu a été en partie exaucé. Un des grands thèmes retenus - le premier recours, les maisons de santé, les modèles en région - a suscité des postures et des réactions tranchées.
Rémy Fromentin, consultant en organisation et santé, éditeur d’un site web consacré aux MSP, a planté le décor. « Pourquoi assiste-t-on à autant de raffut sur les MSP ? », a-t-il interrogé. « Il y a 25 ans, on disait que la France comptait trop de médecins et aujourd’hui, on parle de pénurie, de désert même ! C’est abusif, non ? » Diapositives à l’appui, le consultant souligne que les médecins n’ont...jamais été aussi nombreux, que 95 % des Français se trouvent à moins de 15 minutes d’un généraliste. Tant pis, dès lors, si les maisons de santé sont présentées comme un remède miracle à des déserts médicaux en partie imaginaires. « Même sur les sites Internet des ARS, on a du mal à savoir avec précision de quels projets on parle, regrette Rémy Fromentin. À partir de deux médecins associés au projet, ce dernier peut être éligible aux financements... Certains projets sont complètement farfelus. On a vraiment des chasseurs de prime ! ».
Des modèles qui font leurs preuves.
La charge est sévère, sans doute excessive. Car sur le terrain, les regroupements sont souvent prometteurs, du moins lorsqu’ils sont portés par projets médicaux. C’est le cas du pôle de santé libéral ambulatoire à Villedieu-Les-Poêles (Manche). Le Dr Olivier Bataille, président du pôle qui regroupe quatre autres médecins, trois dentistes, trois infirmières et plusieurs kinés, ne regrette pas l’énergie qu’il a fallu déployer durant les cinq années nécessaires à sa concrétisation. « En un an, nous avons changé notre manière de travailler, avec une grande proximité et efficacité ».
D’autres modes collectifs d’organisation sont plus controversés comme celui des centres de santé mutualistes. « À vos yeux, nous cumulons deux handicaps : nous sommes centre de santé et nous sommes mutualistes ! », ironisele directeur du centre Jack Senet à Paris. Ambiance. Chiffres à l’appui, ce responsable s’évertue à démontrer que les centres mutualistes peuvent évoluer et représenter un modèle économique viable. Une affirmation délicate à l’heure où, par exemple, les centres mutualistes des Bouches-du-Rhône sont dans une situation financière catastrophique.
Quand la mairie recrute.
L’option radicale choisie par le maire de La Ferté-Bernard (Sarthe), qui a directement embauché un médecin généraliste salarié avant d’en recruter un deuxième au début de cette année puis un troisième (en cours) pour répondre aux départs de plusieurs libéraux de la ville, déclenche des critiques frontales des praticiens. « Votre choix n’est pas sans conséquence, c’est une non-réponse aux problèmes qui se posent, souligne William Joubert, vice-président de l’URPS des Pays de la Loire. Les médecins de La Ferté sont complètement déstabilisés, d’autant que dix d’entre eux avaient présenté un projet de regroupement il y a cinq ans. Ils attendent tranquillement leur retraite. »
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