Par Patrick Ferrer
— Tu ne vas quand même pas y aller tout seul ?
Amélie s’était accrochée à sa manche alors qu’il s’apprêtait à entrer dans l’immeuble. Le commissaire Desjoux haussa les épaules.
— Tu devrais alerter le RAID, ou le GIGN, insista-t-elle. C’est la procédure !
— On n’a aucune preuve qu’il y ait une menace directe. Ou que le coupable, s’il existe, soit toujours sur les lieux. J’ai suffisamment d’ennuis avec la préfecture. Les déranger une nuit de réveillon, très peu pour moi.
Amélie hocha la tête. Depuis que Desjoux et elle avaient fait arrêter l’ancien préfet de police pour le meurtre de sa maîtresse, leurs rapports étaient restés assez froids avec la hiérarchie. Peu importe que le saligaud ait été prouvé coupable. Accuser un supérieur, c’était toujours mal vu.
— Tu devrais au moins faire venir des renforts.
— Mon équipe devrait arriver d’ici une demi-heure. Mais tu sais comme moi que le temps joue en faveur de l’assassin. Je dois y aller avant qu’il n’ait le temps de couvrir ses traces.
Il lui montra le talkie-walkie emprunté à l’un des agents.
— Je vous fais signe dès que la voie est libre, ou si j’ai besoin de soutien. Tu restes ici et tu attends mon signal. Et pas d’initiative stupide, OK ?
Amélie prit son air le plus innocent. Desjoux n’était pas dupe, elle n’en faisait jamais qu’à sa tête, aussi demanda-t-il aux deux policiers de garder un œil sur elle. Il tourna les talons et s’engagea dans le hall de l’immeuble. Il entendit derrière lui la voix aiguë de la voisine qui répétait à qui voulait l’entendre qu’elle avait toujours su que tout cela allait mal finir. Il sortit son pistolet de service et s’engagea dans les escaliers en souhaitant que la commère ait tort sur ce coup-ci.
Il n’y avait, au cinquième étage, que deux portes dont les appartements donnaient sur la rue. La fenêtre ouverte devait se trouver derrière celle de droite, d’autant plus qu’à gauche un air d’opéra, attestant d’une présence, filtrait sous la porte. Desjoux s’avança vers la deuxième, sortit son mouchoir et enveloppa le loquet de la porte avant de tourner. C’était ouvert.
Les lumières étaient allumées. Desjoux se demanda si les gens qui se suicidaient ne pensaient pas à éteindre les lumières avant de « partir », mais l’idée lui parut idiote. L’appartement était spacieux, le décor sobre et moderne. Le commissaire s’avança pistolet au poing sans s’annoncer. C’était risqué, mais si l’assassin était toujours sur les lieux, il préférait conserver le bénéfice de la surprise. Il repéra tout de suite la fenêtre ouverte : un vent froid s’y engouffrait en agitant les rideaux. Elle était au ras du sol, avec un garde-corps en ferronnerie fixé sur une étroite corniche. L’appartement était très ordonné, un peu trop même à son goût. Comme son ex-femme ne manquait jamais de le lui faire remarquer, Desjoux n’était pas un maniaque du rangement et les environnements trop stériles le mettaient mal à l’aise. Le seul élément qui ne semblait pas à sa place était une chaise renversée sur le sol devant la fenêtre, comme si la victime en avait eu besoin pour franchir la rambarde. Le commissaire fit rapidement le tour de l’appartement mais ne trouva personne.
Il allait retourner dans la pièce principale lorsqu’un bruit de pas l’immobilisa sur place. Il pensait avoir vérifié toutes les pièces, mais il vit une ombre se profiler dans le couloir d’entrée. Sa main se crispa sur la crosse du pistolet.
Prochain épisode… l'année prochaine !
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