Par Élodie Torrente
Résumé de l’épisode 3. Muriel Martin, jeune médecin généraliste, est installée en libéral dans un village de banlieue depuis trois ans quand, après une journée de consultations, un attentat manqué ébranle sa vocation. Alors qu’elle est traumatisée et refuse d’exercer, elle revoit le bel Alexis Chevallier, très malade, pour qui elle accepte de reprendre du service…
Quelle était cette force qui la poussa à redémarrer et à rejoindre son patient d’une consultation lointaine et anodine, elle ne se le demanda pas. Elle se contenta d’accélérer sans même jeter un œil à la devanture de son cabinet, afin de savoir pourquoi celui à qui elle avait pensé à plusieurs reprises ces dernières semaines marchait d’un pas boiteux. Lorsqu’elle arriva à son niveau, elle ralentit puis ouvrit la fenêtre de sa voiture afin de le héler. Il se retourna vers elle et au sourire qu’il arbora, elle comprit immédiatement qu’elle avait bien fait de suivre son instinct.
– Docteur ! Je suis content de vous voir ! Je viens justement de votre cabinet. J’ai vraiment besoin de vous. Vous rouvrez quand ?
– Bonjour Monsieur Chevallier. Je ne pense pas ouvrir le cabinet de sitôt. Vous pouvez consulter le Dr Giraud si vous le souhaitez. Il reprend mes patients.
– Le Dr Giraud ? Ici ?
– Non, à Méry.
– Impossible. Je n’ai pas de véhicule. Et regardez comme je boite. Vraiment, vous ne voudriez pas me recevoir ? Je ne connais que vous dans le coin. Vous êtes la seule en qui j’ai confiance, Docteur.
Touchée par la dernière phrase que la tendre expression des grands yeux bleus d’Alexis rendait encore plus belle, Muriel sentit en elle la peur du cabinet s’enfuir au profit du réconfort procuré par une consultation intéressante. Elle accepta puis, après l’avoir invité à monter dans sa voiture, se rendit au cabinet où elle n’avait plus mis les pieds depuis l’explosion.
Alexis ne perçut pas la main tremblante du médecin quand celui-ci mit la clef dans la serrure. Même si elle avait fait venir les assurances puis les ouvriers pour réparer les dégâts, Muriel redoutait ce moment où elle constaterait que tout serait dorénavant bien moins serein et très différent au 6 rue des Alouettes. Malgré tout, elle ouvrit la porte, appuya sur l’interrupteur et après avoir balayé du regard la salle d’attente, constata que tout avait été refait à l’identique. Comme si rien ne s’était passé. Étrangement, alors qu’elle appréhendait un environnement trop marqué par le drame, elle fut perturbée par une salle d’attente imperturbable qui, à travers le lourd silence, semblait réclamer des patients. Troublée, elle oublia Alexis qui, au bout de quelques minutes, se rappela à son souvenir en soufflant bruyamment sa douleur. Elle se reprit instantanément, s’engagea dans le sas qui menait au cabinet, lui demanda de la suivre puis de s’asseoir et de patienter pendant qu’elle mettait sa blouse blanche et se lavait les mains. Lorsqu’elle revint, elle l’invita à s’allonger sur la table d’examen. Alors qu’il s’exécutait, elle ouvrit son dossier bien qu’elle eût encore en mémoire la rhinopharyngite et la rougeur au tibia, toutes deux diagnostiquées lors de la première et unique consultation. Elle lui demanda s’il toussait encore, si l’érythème avait disparu. De ce côté-là tout était revenu à la normale mais il se plaignait maintenant de fatigue intense et de douleurs à la cheville droite et aux épaules perçues dès la fin de son séjour indien. À la lueur de ses réponses, le Dr Martin envisagea un paludisme ou une hépatite A, maladies fréquentes dans ce lointain continent. Elle lui prescrivit une prise de sang tout en lui conseillant de la faire rapidement puis de l’appeler sur son portable dès qu’il aurait les résultats. Elle n’avait pas prévu d’ouvrir son cabinet avant un bon moment mais acceptait de s’occuper de lui. Uniquement parce que vous n’êtes pas du village, lui dit-elle avant de le raccompagner à la porte. Ce n’est que lorsqu’elle se retrouva seule, dans ce lieu désert autrefois si animé, qu’elle perçut l’excitation de ce cas inhabituel et la chaleur intense diffusée par leur furtive poignée de main. Dans 48 heures, elle le reverrait. Après cet examen, elle en saurait davantage sur lui comme sur sa maladie et pourrait le soigner. Ensuite, peut-être que… Muriel rêva quelques instants avant de remonter dans sa voiture. Pour, enfin, affronter ceux qu’elle envisageait dorénavant comme des ennemis.
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