Le patron, la troupe, la famille

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Publié le 10/02/2023
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« Vous êtes heureux ? », demandait-il. C’était sa question. Des rédacteurs et rédactrices en chef aux stagiaires, il s’enquerrait des états d’âme de chacune et chacun. Au Quotidien de Paris, dans les années 1970, il y avait, embarqués dans la même aventure, de grandes figures issues de Combat, Richard Liscia, Marcel Claverie, Henry Chapier, Paul Guilbert, et toute une brillante jeunesse, Bernard Rapp ou Bernard Chapuis. Plus tard vinrent, pour n’en citer que quelques-uns, Jean-Marie Rouart, Dominique Jamet, Jean-Paul Mulot, Catherine Pégard, Claire Chazal, Georges-Marc Bénamou, Philippe Manière, tant d’autres. L’humeur était à la transmission. Mais sans leçon. Dans l’exercice ardu du travail. On travaillait sans cesse et on riait. Le soir, on avait mal aux abdominaux, tellement on avait ri. On riait pendant la conférence de rédaction, on riait dans les couloirs, on riait dans les services. Un esprit de troupe régnait en tout. Un journaliste, ça ressemblait à un acteur.

Tesson, le patron, illuminait de son savoir et de ses curiosités insatiables les réunions. Le soir, on attendait l’édito. Écrit à la main de son écriture heureuse, à l’encre bleue, sur des feuilles jaunes d’or. Arrachées une à une. Après, il fallait courir au théâtre. Il ne s’en serait jamais passé. Comme de la musique qu’il pratiquait avec assiduité, pianiste rigoureux depuis l’enfance.

On ne sépare pas le souvenir de Philippe Tesson de celui de Marie-Claude Tesson- Millet. Ils ont bâti ensemble leur univers. Des journaux au Poche-Montparnasse, Marie-Claude était là et aussi les enfants. Stéphanie, Sylvain, Daphné. Les connaître fut un privilège.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin