La loi de 2002 relative au droit du patient impose de considérer le système de santé comme système de prestations de services à destination du citoyen. La prise en compte de la singularité de chaque situation, de chaque bénéficiaire du service doit alors être articulée avec la dimension sociale et collective des effets du service. Concevoir de nouvelles solutions techniques pour la santé pose dans ce contexte un vrai défi, qui dépasse les questions de méthodes de conception de l’industrie ou celles du mode de représentation du patient dans le système de santé. L’approche Living Lab, dont la pratique diffuse aujourd’hui dans la santé, en Europe et en France, ouvre à cet égard des perspectives très intéressantes pour un nombre croissant de régions et d’ARS (agences régionales de santé).
Caractérisation des LL en santé et autonomie et valeur ajoutée du Forum
L’approche « Living Lab » en santé et autonomie (« LL SA ») est singulière, innovante, adaptée et riche de bénéfices tant pour les utilisateurs (patients et professionnels de santé), les offreurs (industriels et société de services), les financeurs (assurances obligatoire et complémentaire), que pour la collectivité (dépenses de santé et emplois).
Singulière et unique parce qu’elle introduit l’utilisateur (patient et/ou professionnel) dans la réalisation d’un produit ou service dès le début de la conception, alors que les produits de santé sont traditionnellement conçus via une coopération entre l’industrie et les seuls praticiens hospitaliers.
Innovante car susceptible de déboucher sur des produits de santé vraiment nouveaux, dont la valeur est perçue au-delà des établissements de santé et de la Sécurité Sociale, par des acteurs économiques susceptibles de payer. En même temps, elle est éprouvée car déjà mise en œuvre dans d’autres secteurs industriels concurrentiels (la téléphonie mobile, par exemple) car elle permet de gagner en temps et donc en coût de conception et en pénétration du marché.
Adaptée aux secteurs sanitaire et médico-social car fruit d’un travail collaboratif de trois ans impliquant professionnels de santé et représentants de patients. La mission confiée en 2010 au CGEIET a conduit au rapport « Pertinence et valeur du concept de "laboratoire vivant" en santé et autonomie » remis en juillet 2011. La restitution de septembre 2011 a vu la demande unanime des participants de poursuivre un partage sur le sujet. Le Forum LL Santé et Autonomie a pris forme progressivement. Il est vécu par les participants comme un outil de politique publique d’innovation dans la santé.
Riche en bénéfices : les LLSA représentent une démarche permettant une accélération de la diffusion de solutions technologiques réellement utiles et efficientes dans une authentique politique de démocratie sanitaire.
Réalité des LLSA nationaux
Les LLSA procèdent de démarches variées, selon l’histoire et de la culture du territoire, du profil du porteur, mais conjuguant toujours une dimension d’innovation technico-économique et d’innovation dans le champ sanitaire et/ou social, réconciliées au sein du territoire.
Les résultats obtenus sont de différentes natures.
Une ouverture : des espaces de concertation et de participation opérationnelle, lieux de création et d’évaluation de solutions nouvelles adaptées aux patients et citoyens « acteurs de leur santé ».
Du temps gagné pour concevoir produits et services sur des concepts éprouvés, grâce à une évaluation continue des solutions.
Des idées de produits et services qui débouchent plus fréquemment sur des solutions viables répondant aux attentes des publics. 50 % des idées explorées ainsi trouvent un marché, contre 20 % selon les approches traditionnelles.
L’obtention de solutions appropriées en accélère la diffusion (quelques mois pour une solution professionnelle au niveau d’une région, au lieu de plusieurs années), d’où des résultats en termes de santé, des retours sur investissement plus rapides et des solutions pérennes.
Favoriser les liens inter-LLSA
Rapprocher développement économique, amélioration de la santé des populations et participation de celles-ci : cette triple ambition devient réalité dans plusieurs territoires. Mais les initiatives identifiées – qui mobilisent la démarche Living Lab – gagneraient à bénéficier d’un soutien national.
En effet, en l’absence d’initiative nationale, ce mouvement risque de conduire à une dispersion de l’effort public, avec des résultats locaux partiels, non reproductibles et dont la pérennité est fragilisée. Inversement, une institutionnalisation classique (labels assortis de dotations budgétaires, par exemple) serait vraisemblablement à la fois coûteuse et stérilisante – car peu compatible avec les dynamiques locales à l’œuvre actuellement.
L’existence d’un Forum Living Lab Santé Autonomie – souhaitée par les porteurs régionaux – constitue une opportunité unique pour une troisième voie, conjuguant initiative locale et intérêt général. La place de ce Forum au milieu des autres acteurs publics ou privés s’affirme comme un espace privilégié de cohérence des politiques publiques d’innovation nationale et territoriale, en santé/social et au plan économique.
En effet, les liens interrégionaux et l’interaction permanente des territoires se développent, avec une animation nationale pour accélérer les partages d’expériences, développer ensemble les éléments de mesure d’impact tant économiques que médico-sociaux, valoriser le savoir-faire français au niveau européen et international et favoriser l’émergence d’une véritable politique d’innovation à la fois économique et sociale.
Série sous la direction de Jean-Pierre Blum
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