Le nouveau Comité Care qui vient d'être constitué le 24 mars dernier par le Gouvernement, sera notamment chargé de conseiller le gouvernement sur le "backtracking" qui permettrait d'identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus. Présidé par Francoise Barré-Sanoussi, ce comité assurera "le suivi des études thérapeutiques autorisées en France et les essais engagés sur des traitements à l'étranger", mais aussi "la capacité à réaliser des tests", précise l'Élysée. Tâche supplémentaire et non négligeable, le comité se penchera également sur "l'opportunité de la mise en place d'une stratégie numérique d'identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées".
Frédérique Vidal : "On n'en est pas là"
Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche a par la suite réfuté tout projet d'utilisation du numérique pour vérifier, par exemple, le respect des obligations de confinement. "On n'en est pas à ce stade-là", a déclaré la ministre de la Recherche à l'occasion de l'installation du comité Care. Elle a évoqué notamment la possibilité d'utiliser le numérique pour "aider en termes de logistique" et pour "être capable de prévoir" le nombre de patients guéris quittant les hôpitaux et les places de réanimation qui vont se libérer.
Évaluation du backtracking en France
Le 25 mars (le lendemain), la question ou pas de pratiquer le "backtracking" a été évoquée par le secrétaire d'État au numérique, Cédric O : "A la demande des médecins et épidémiologistes, un certain nombre d'initiatives a été prises en Allemagne et au Royaume-Uni ou Singapour, pour utiliser des outils numériques pour limiter la propagation de l'épidémie. Nous prenons contact avec nos partenaires pour évaluer les outils technologiques existants et leurs bénéfices sanitaires." Et le ministre de certifier qu'aucun projet similaire n'existe pour l'instant.
Quels pays ont déjà utilisé ces technologies ?
Singapour a mis en place ce dispositif de détection des cas suspects et d'identification de l'entourage de chaque patient, via le bornage téléphonique, le contrôle des terminaux bancaires, etc. La mise en quarantaine est immédiate et vérifiée par géolocalisation trois fois par jour. Des cartes interactives sont même mises en ligne par les autorités qui géolocalisent chaque nouveau cas à la rue près, de façon à ce que chacun sache s'il a pu se trouver à proximité d'un cas détecté. Toutes les données sauf l'identité sont affichées. Le Premier ministre israélien a pour sa part indiqué que les méthodes des nouvelles technologies appliquées à l'antiterrorisme seront utilisées pour lutter contre la pandémie. Quant à l'Allemagne, Deutsche Telecom vient de livrer à deux reprises les données anonymisées de ses 46 millions de clients à un institut chargé de tracer l'épidémie en fonction des déplacements. Enfin, en Lombardie, région italienne durement touchée par la pandémie, les autorités ont étudié les données mobiles fournies par les opérateurs depuis le 20 février, jour où le premier mort de Covid-19 a été annoncé dans une ville non loin de Milan. Résultat : seulement 60 % de la population lombarde aurait respecté les mesures de confinement.
Quel cadre légal ?
Quel est le cadre juridique de protection des données ? Après l'épidémie de Sras de 2003, la Corée du sud a mis en place un plan d'urgence avec des lois d'exception qui ont été acceptées par la population marquée par les épidémies précédentes. Quant à l'Union européenne, elle dispose bien du RGPD (Règlement général de protection des données). Mais ce dernier comporte une clause dérogatoire pour lutter contre les pandémies. Enfin, aux États-Unis, des discussions sont en cours entre l'État et les Gafa en vue d'exploiter les données à partir des mobiles des Américains, avec pour objectif de cartographier la propagation de la maladie.
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