Après la télémédecine (et ses déclinaisons téléconsultation et télé-expertise), le télésoin vient de faire une entrée remarquée dans le champ lexical de la santé.
Ce vocable fait l'objet d'un article (n°13) de l'avant-projet de loi de santé, attendu en conseil des ministres le 13 février. Intriguant, il a retenu l'attention du Dr Jacques Battistoni et de Gilles Bonnefond, présidents respectifs de MG France et de l'USPO (Union des syndicats de pharmaciens d'officine), invités ce mercredi aux Contrepoints de la santé.
Le télésoin défini par le gouvernement est « la pratique de soins à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication qui met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux », en complément de la télémédecine réservée aux professions médicales.
Le code de la santé publique regroupe dans cette catégorie des auxiliaires médicaux infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes et psychomotriciens, orthophonistes et orthoptistes, manipulateurs d'électroradiologie médicale et techniciens de laboratoire médical, audioprothésistes, opticiens-lunetiers, prothésistes et orthésistes pour l'appareillage des personnes handicapées, diététiciens.
Insularité et enclavement
L'avant-projet balise le principe de télésoin. Ces activités seront définies par voie réglementaire après avis de la Haute autorité de santé (HAS). Les conditions de prise en charge du télésoin tiendront compte « des déficiences de l'offre de soins dues à l'insularité et l'enclavement géographique ».
Les conventions des libéraux de santé concernés devront préciser « les tarifs [et les] modes de rémunération qui contribuent à garantir la qualité des prises en charge des patients, notamment autres que le paiement à l’acte, ainsi que les modalités de réalisation des actes de télésoin ».
Comme pour la téléconsultation médicale, les actes de télésoin remboursés par l’assurance-maladie devront être effectués « par vidéotransmission ». Le remboursement sera subordonné à la réalisation au préalable et en présence du patient d'un « premier soin » ou d'un entretien pharmaceutique.
Le gouvernement mentionne en exemple de télésoin l’accompagnement par les infirmiers des effets secondaires de chimiothérapies orales, ainsi que les séances d’orthophonie et d’orthoptie à distance.
Conjectures
« Pour moi, c'est une forme de télé-expertise [lorsqu'un médecin sollicite l'avis d'un confrère à distance, NDLR] mais pas forcément en synchronisation », s'est aventuré le généraliste, qui reconnaît volontiers n'avoir « pas tout compris » au futur télésoin en l'état actuel des choses. Mais il y voit un « intérêt évident » pour le suivi infirmier à domicile.
Gilles Bonnefond a sa petite idée sur ce que sera le télésoin. « Le télésoin n'est pas que de la télé-expertise. Cela permet de suivre des patients sans être dans un parcours coordonné », croit-il, citant « le suivi d'une cicatrice ». Et d'espérer : « Ça pourrait être un patient qui arrive en pharmacie et a besoin d'un avis à distance sans coordination. Ce n'est pas une démarche programmée et ce n'est pas à l'initiative du médecin traitant. » Quoi qu'il en soit, le gouvernement a l'ambition de déployer « pleinement » les télésoins.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes