« Les personnes âgées n'ont pas de sexualité », « parler de sexualité avec les jeunes risque de les inciter à avoir des relations sexuelles », « c'est évoquer uniquement la génitalité et la reproduction ». Autant d’idées reçues que la Haute Autorité de santé (HAS) entend battre en brèche dans ses recommandations de bonne pratique sur la vie intime, affective et sexuelle (VIAS), des personnes en établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS).
Le premier volet, publié ce 12 février, a pour objectif de « promouvoir une approche positive » de ces sujets qui ne se résument pas aux pratiques sexuelles et à la reproduction. Il s’agit de faire tomber les tabous et donner des repères scientifiques, éthiques, juridiques et organisationnels aux professionnels, afin qu’ils puissent mieux accompagner les personnes concernées. Le second, élaboré courant 2025, doit donner des outils concrets. Ne sont pas abordées la parentalité, ni l’assistance sexuelle. Cette dernière question avait suscité la polémique en 2020 après que Sophie Cluzel, alors secrétaire d’État, s’était dite « favorable à ce qu'on puisse accompagner la vie sexuelle » des personnes handicapées. L’année suivante, un avis du Comité consultatif national d’éthique émettait des réserves sur l'aide active à la sexualité, tout en encourageant le soutien à la vie intime. Le débat avait surtout été l’occasion de mettre en lumière l’invisibilisation voire la stigmatisation de ces problématiques dans les ESSMS.
Un engagement qui doit être celui de l’Institution
La HAS insiste tout d’abord sur l’importance du portage institutionnel de la VIAS, dans ces recommandations qui concernent les professionnels de la protection de l’enfance, du secteur du handicap et de la perte d’autonomie et de la psychiatrie.
« La HAS recommande l’inscription de la VIAS dans une réflexion institutionnelle globale, se traduisant dans les différents outils existants tels que les projets de services ou d’établissements, le livret d’accueil ou encore le règlement de fonctionnement. Cette formalisation vise à recommander des postures et pratiques communes et à engager de façon durable l’ensemble des acteurs, jusqu’à la direction », lit-on.
Professionnels et personnes concernées doivent pouvoir en parler. Pour libérer la parole, sont suggérés la mise en place de temps d’échanges entre professionnels, la désignation d’un référent VIAS, l’intégration du sujet dans les questionnaires ou projets personnalisés, l’appel à des intervenants extérieurs… La HAS invite aussi à favoriser les relations, grâce à l’organisation d’activités collectives, l’aménagement d’espaces pour recevoir des personnes en toute intimité, l’accès à internet.
Équilibre entre accompagnement et respect de la vie privée
Attention à ne pas plaquer des recettes toutes faites : certaines personnes ne désirent pas être accompagnées dans leur vie intime, d’autres en ont une vision négative, par méconnaissance ou du fait de leur parcours (inceste, agression…), avertit la HAS. Aussi est-il important de respecter les besoins et souhaits de la personne, y compris lorsqu’elle ne veut pas en discuter, et de s’adapter à son développement psychique, physique et psychosocial.
La HAS appelle à une formation des professionnels sur divers aspects, de la santé aux enjeux éthiques, en travaillant ses propres représentations, ceci, d’autant qu’ils témoignent de leurs difficultés voire de leur sentiment d’illégitimité face à la VIAS. Parmi les obstacles identifiés : l’absence de repères éthiques communs, les contraintes de la vie en collectivité, l’influence de l’entourage des personnes concernées… Enfin, la HAS appelle à sensibiliser les personnes concernées tout au long de la vie, notamment au rapport au corps et au consentement, sans oublier la prévention des violences sexuelles et sexistes.
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