Parue dans le Lancet Oncology du 26 février 2019 sous la direction du spécialiste de santé publique Zachary Ward, une étude mondiale* arrive à l’alarmante conclusion que 50% des enfants cancéreux ne sont ni diagnostiqués ni traités. Bien sûr, ce sont les enfants des pays les plus pauvres qui constituent l’immense majorité de cette injustice. Sans doute un progrès de la mondialisation économique.
L’estimation précise de l'incidence des cancers chez les enfants est fondamentale pour éclairer les décisions relatives à l'établissement des priorités et de la planification de l’action sanitaire. Cependant, de nombreux pays n'ont pas de registres du cancer qui quantifient l'incidence du cancer chez les enfants. De plus, même lorsqu'il existe des registres, il se peut qu'ils sous-estiment considérablement l'incidence réelle, puisque les enfants atteints de cancer peuvent ne pas recevoir de diagnostic. La France n’est d’ailleurs pas très brillante sur ce sujet. A croire que malgré les moulinets médiatiques des politiques de tous bords, elle n’a pas perçu encore l’usage des données ouvertes anonymes.
Les auteurs ont modélisé l'incidence des cancers infantiles dans 200 pays et territoires du monde entier, en tenant compte des tendances de la croissance démographique et de l'urbanité, des variations géographiques de l'incidence du cancer et des obstacles du système de santé à l'accès et à la référence qui contribuent au sous-diagnostic. Pour s'assurer que les résultats du modèle soient conformes aux données épidémiologiques, ils ont calibré le modèle en fonction des données des registres des cancers accessibles au public à l'aide d'une approche bayésienne dans laquelle les données observées sont fixes et les paramètres du modèle (incidence du cancer et probabilité d'accès au système de santé et de référence) sont variables au hasard. Ils ont estimé l'incidence totale des cancers de l'enfant (diagnostiqués et non diagnostiqués) dans chaque pays en 2015 et projeté le nombre de cas jusqu’à 2030.
Des résultats alarmants
Le modèle a estimé qu'il y a eu 397 000 (intervalle d'incertitude [UI] à 95% cas de cancers infantiles dans le monde en 2015, dont seulement 224 000 (95% UI) ont été diagnostiqués. Ce résultat suggère que 43 % des cas de cancers infantiles n'ont pas été diagnostiqués dans le monde, avec des variations importantes selon les régions, allant de 3 % en Europe occidentale et en Amérique du Nord à 57 en Afrique occidentale. En Asie du Sud (y compris en Asie du Sud-Est et en Asie centrale du Sud), la proportion globale de cas non diagnostiqués a été estimée à 49 %. En tenant compte des projections démographiques, les auteurs estiment qu'il y aura 6-7 millions (95% UI) de cas de cancers infantiles dans le monde d’ici à 2030. Aux niveaux actuels de rendement du système de santé, ils estiment qu’à 2030, jusqu’à 2,9 millions (95 % UI) de cas de cancer chez les enfants ne seront pas pris en charge.
L’espoir fait vivre, il paraît.
Les cancers infantiles sont largement sous-diagnostiqués, en particulier en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne (y compris en Afrique occidentale, orientale et australe). En plus d'améliorer le traitement des cancers infantiles, les systèmes de santé doivent être renforcés pour diagnostiquer avec précision et soigner efficacement tous les enfants atteints de cancers.
Au fur et à mesure que les pays élargiront la couverture sanitaire universelle, ces estimations de l'incidence totale aideront, espérons-le, à orienter les efforts visant à accroître de manière appropriée la capacité des systèmes de santé à assurer l'accès à des soins efficaces contre les cancers infantiles.
* Etude des Boston Children's Hospital, Dana-Farber Cancer Institute, Harvard T H Chan School of Public Health, Harvard Medical School, National Cancer Institute, SickKids, StJude Children's Research
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