Ces derniers mois, les médecins généralistes ont franchi le pas, malgré eux, de la télémédecine. Après un démarrage confidentiel en septembre 2018, la téléconsultation (TLC) a en effet été dopée par l’épidémie de coronavirus. Résultat : plus de 17 millions de TLC ont ainsi été facturées à l’Assurance maladie depuis la mi-mars. Un boom spectaculaire a été observé au moment du premier confinement, avec un pic à plus d’un million d’actes hebdomadaires remboursés (tous régimes confondus) pendant trois semaines en avril.
Par crainte de la diffusion du virus, à un moment où les masques manquaient, patients et médecins ont privilégié ce mode de consultation. Les pouvoirs publics ont contribué à ce succès en mettant rapidement en place la prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie de ces téléconsultations, en autorisant les actes à distance via certaines applications et réseaux sociaux (WhatsApp, Skype…) et en permettant que la téléconsultation soit réalisée par un praticien qui ne soit ni le médecin traitant du patient ni un médecin vu en consultation physique dans les 12 derniers mois. Le ministère de la Santé a également facilité la consultation par téléphone en cas d’impossibilité technique de réaliser un échange en visioconférence. Mis en place en avril, le dispositif avait été suspendu avec la levée de l’état d’urgence le 10 juillet, avant d’être réintroduit début novembre.
Malgré des réticences, les généralistes s’adaptent
Selon les chiffres de l’Assurance maladie, plus de 36 000 généralistes avaient réalisé au moins un acte de téléconsultation en avril et mai 2020, illustrant combien la pratique s’est implantée dans le quotidien des médecins de famille.
Après être retombé à un étiage d’environ 150 000 TLC par semaine après le déconfinement, la téléconsultation a rebondi avec la seconde vague de Covid-19, culminant à nouveau à 500 000 actes hebdomadaires fin novembre.
« Cela montre que les généralistes ne sont pas figés et qu’ils sont prêts à s’adapter, analysait en juin auprès du Généraliste le Dr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale (CMG). Malgré les importantes réticences de certains, la téléconsultation s’est développée avec succès pendant la crise, même si le cœur de métier reste la consultation physique et le relationnel avec le patient. »
Forte de l’expérience de la crise sanitaire, la Cnam a proposé aux syndicats de médecins d’assouplir durablement la réglementation – le sujet pourrait faire l’objet d’un futur avenant. Elle envisage de rendre possible l’accès à la téléconsultation aux Français sans médecin traitant ou lorsqu’il est indisponible.
Prolongement jusqu’en février de la prise en charge à 100 %
Jeudi 12 novembre, le ministère de la Santé a invité les professionnels de santé à recourir aux télésoins pendant la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, pour limiter les risques de propagation du virus en évitant les déplacements des patients et en diminuant leur nombre en salle d’attente. Et une ordonnance parue au Journal officiel le 10 décembre 2020 a prolongé la prise en charge à 100 % de la téléconsultation par l’Assurance maladie jusqu’au 16 février 2021, date de la fin de l’état d’urgence sanitaire.
Selon une enquête menée en ligne par Le Généraliste mi-juin, seul un tiers de quelque 700 médecins de famille disaient vouloir s’investir plus dans la téléconsultation. 53 % ne souhaitaient pas réaliser davantage d’actes de télémédecine qu’avant l’épidémie. Et seuls 26 % envisageaient de réserver un créneau pour les téléconsultations dans leur agenda. Mais la téléconsultation a montré qu’elle était une réponse efficace en période de crise.
L’expansion du DMP ralentie par la crise
Relancé fin 2018, après 15 années d’échecs, le dossier médical partagé (DMP) devait connaître un déploiement massif, avec une cible fixée à 40 millions de dossiers ouverts en cinq ans. Mais sa généralisation a pris du retard avec la crise du Covid-19. Le coronavirus a donné un « coup de frein » au projet, a reconnu l’Assurance maladie mi-septembre, en raison notamment de la fermeture pendant le confinement des caisses de Sécu et des pharmacies, « sources clés de création de DMP ». Conséquence : au 8 novembre 2020, la Cnam comptabilisait 9,7 millions de DMP ouverts, loin des 20 millions attendus fin 2020. Le dossier médical reste peu utilisé par les médecins de famille puisque seuls 14 % d’entre eux ont alimenté le DMP entre le 1er novembre 2019 et le 31 octobre 2020.
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