Si « Le Généraliste » était paru en 1909

Comment supprimer la concurrence entre les médecins

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Publié le 01/06/2017
histoire

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Il faut supprimer la concurrence entre médecins et, pour cela, le meilleur moyen est celui que l’on a déjà préconisé à plusieurs reprises, et que le Dr Tourtoural va soumettre au prochain congrès des praticiens : c’est la limitation du nombre des médecins par celle du nombre des étudiants en médecine. Cette limitation, on a tenté de la faire en rendant les études plus longues et les examens plus difficiles. Mauvais moyen. Vous ne ferez jamais admettre aux parents d’un étudiant que leur fils, une fois entré dans la filière, n’en sortira pas fatalement docteur. Si la Faculté fait des difficultés, on mettra en jeu toute la gamme des recommandations, jusqu’à ce que le but soit atteint. Je préfère donc, pour ma part, le concours d’entrée de l’école, comme à l’École de santé de Lyon ou comme à l’École vétérinaire d’Alfort. Suivant les besoins, le nombre des admis serait plus ou moins important.

Mais ces besoins, comment l’État les connaîtra-t-il, puisque les médecins ne sont pas fonctionnaires ? C’est ici que ma conception de la Corporation des médecins montrerait son extrême utilité. Cette corporation déterminerait le nombre de postes médicaux par région, comme cela se passe pour les études de notaire. Ce nombre serait toujours établi de façon que le titulaire puisse y gagner plus que le nécessaire pour vivre. Au besoin, c’est la Corporation qui, seule, aurait le droit de traiter avec les collectivités pour le compte des médecins.

De la sorte, le médecin investi d’un poste par ses confrères, ayant en poche des contrats en due forme lui assurant des honoraires… honorables, n’ayant plus le souci de se défendre contre cette vile, basse, ignoble « invidia », honte de la profession, pourrait conserver dans la Société la place à laquelle il a droit et regagner la part de considération qu’il a déjà perdue dans l’esprit du public. Cela, l’union seule, succédant à l’anarchie actuelle, peut le lui assurer.

(La Chronique médicale, février 1909)


Source : lequotidiendumedecin.fr