On m’a dit qu’elle était exemplaire. » C’est de cette façon que Marisol Touraine a expliqué le choix de sa visite – la semaine dernière- à la maison de santé pluriprofessionnelle des Cordeliers à Magny-en-Vexin dans le Val-d’Oise. La visite était faite pour « officialiser » la généralisation des nouveaux modes de rémunération (voir encadré). Mais elle a permis aussi d’ouvrir (un peu) le dialogue avec les professionnels libéraux.
Cette commune de 6 000 habitants située à une heure de Paris n’est pas « classée » dans la catégorie des « déserts médicaux » mais se trouve à cheval entre deux départements, l’Eure et l’Oise, qui sont eux en mal de généralistes. La maison de santé créée en 2006 était donc bien venue. Pionnière dans la mise en place des ENMR (Expérimentation des nouveaux modes de rémunération), cette structure pluridisciplinaire regroupe 16 professionnels de santé (quatre généralistes, un cardiologue à mi-temps, deux internes en médecine générale, trois infirmières, deux kinés, deux psychologues, une diététicienne, et un pédicure-podologue). La MSP est également dotée d’un secrétariat avec trois équivalents temps plein.
Après une brève visite des lieux, un échange avec les professionnels de santé était programmé. C’est le Dr Philippe Boisnault, un médecin généraliste qui se lance. Au menu : les procédures administratives « compliquées et redondantes ». Avec deux documents à l’appui. Le premier, une lettre de l’Assurance Maladie lui réclamant 23 euros et, le deuxième, la liste des impayés de 2014 causés par le tiers payant qu’il a pratiqué au cours de cette année. « Mon logiciel a ressorti 8 000 euros d’impayés pour 2014, je dois maintenant tout revérifier à la main pour savoir si entre-temps j’ai été payé par les mutuelles ou non. C’est cela qui nous fait peur, Madame la ministre ». « Nous n’avons pas de problème avec la Sécu, renchérit sa confrère, le Dr Rachel Collignon-Portes, mais avec les mutuelles ».
Ni confidences ni concessions
Une inquiétude comprise par Marisol Touraine qui acquiesce en silence tout en prenant des notes. Méthodique, elle ne perd pas de vue sa mission et, en marge de cette visite, défend ses prises de position : « Je tiendrai évidemment compte de cette concertation », lâche-t-elle à propos des groupes de travail au ministère. Sur le chantier de la loi santé, l’heure n’est ni aux confidences, ni aux concessions, même si la ministre concède que la rédaction de l’article sur l’organisation territoriale doit évoluer.
Et quand un généraliste l’interpelle sur les ENMR, pour lui souligner que le montant actuellement versé n’est pas suffisant car idéalement une personne s’occupant de la coordination devrait être recrutée, la ministre, ferme, insiste sur le fait que c’est à l’équipe de faire des choix. Peu de place à la négociation budgétaire, dirait-on
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