Le directeur général de l'Assurance maladie Nicolas Revel a présenté ce jeudi aux membres du conseil d’administration de la Cnam plusieurs propositions devant permettre de réaliser plus de deux milliards d’euros d'économie l'an prochain sur les dépenses de santé. Dans ce document baptisé « Charges et produits » rendu traditionnellement chaque année au début de l'été, la CNAM suggère plusieurs pistes d’économies au gouvernement. Certaines devraient être reprises cet automne dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2019.
Pour obtenir ce résultat, l’Assurance maladie mise tout particulièrement sur la pertinence des prescriptions (médicaments, transports, IJ...) et des actes. Pas moins de 1,38 milliard d’euros pourraient ainsi être économisés en suivant ses recommandations.
Le reste serait à aller chercher du côté de la pertinence des prises en charges (410 millions) et de la lutte contre la fraude (220 millions d’euros).
La moitié des économies sur la pertinence des actes et des soins
Selon l’Assurance maladie, la maîtrise médicalisée des prescriptions de produits de santé doit permettre de dégager 465 millions d’euros, dont 215 pour les seuls médicaments de médecine générale. La caisse prône pour une nouvelle approche dans les actions de pertinence de la prescription. Selon la Cnam, celles-ci se basent très souvent sur le respect des recommandations de la HAS ou de sociétés savantes et présentent par conséquent deux limites importantes : l’absence de recos pour certaines situations cliniques et les différences de recos selon les sources.
Une fois de plus, la Cnam mise sur la diffusion des médicaments génériques et biosimilaires afin de dégager des marges financières qui pourront permettre de financer le remboursement des nouveaux médicaments. « La poursuite des actions en faveur de la diffusion des médicaments génériques avec un taux de substitution cible fixé à 90 % et les actions d’incitation à la prescription des médicaments biosimilaires permettront de dégager une économie de 160 millions d’euros en 2019 », note la caisse dans son rapport.
100 millions d’euros économisés grâce aux IJ
Comme l’an passé, l’Assurance maladie estime pouvoir économiser 100 millions d’euros sur les indemnités journalières (IJ), qui représentaient en 2016 53,3 % de la dépense totale des prestations en espèce, avec 9,9 milliards d’euros remboursés.
Entre 2015 et 2016, les dépenses d’IJ ont très fortement augmenté (+ 4,6 %, soit 433,5 millions d’euros) contre 2,7 % annuels sur la période 2012-2015. « Les deux principales causes d’arrêts de travail sont les troubles musculo-squelettiques et les syndromes dépressifs, provoqués par une pression accrue dans le monde du travail, observe la CSMF. Le syndicat souligne que l'arrêt maladie fait partie de l'arsenal thérapeutique des médecins contre le stress et le burn out et invite les pouvoirs publics à « responsabiliser les entreprises à l’amélioration des conditions de travail de leurs salariés » plutôt que de « mettre la pression » sur les médecins.
Une attention particulière à la santé mentale
Les IJ pour « maladies psychiatriques et traitements psychotropes » ont, à elles seules, engendré 118 millions d’euros de dépenses supplémentaires en 2016. Cette année, la CNAM accorde une attention particulière à la santé mentale et formule plusieurs propositions visant à améliorer le suivi et la prise en charge des patients psychiatriques.
Pour les patients les plus lourds, dont la prise en charge dans un cabinet de médecine générale classique n’est pas possible, la caisse préconise de créer une offre de soins spécifique. Elle suggère également d’adapter les campagnes et actions de prévention autour des maladies cardio-vasculaires, pour lesquelles on observe un surrisque chez les populations psychiatriques.
L’intégration à la ROSP des médecins traitants d’indicateurs concernant la prise en charge des troubles somatiques chez les malades psychiatriques et plus globalement la santé mentale. L’un d’eux pourrait concerner les traitements psychotropes pour la population générale.
La généralisation de la e-prescription d’ici 4 ans
La Cnam compte par ailleurs généraliser la e-prescription, selon un « calendrier progressif mais ambitieux » sur quatre ans, pour réaliser des économies. Actuellement, « la caisse dénombre plus d’un milliard de prescriptions par année ». Plus de la moitié sont des prescriptions de médicaments par les généralistes.
Enfin, l’Assurance maladie recommande la mise en place de nouvelles fonctionnalités dans l’espace ameli pro afin de permettre notamment aux professionnels de santé de « se comparer à leurs pairs, de se référer à des recommandations de bonnes pratiques ».
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