2025, année de la santé ? La coalition des forces de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), compte en tout cas imposer cet agenda politique. Dans une lettre ouverte publiée le 4 janvier et cosignée par plusieurs leaders et élus socialistes, écologistes, insoumis et communistes*, Lucie Castets, qui avait été désignée « candidate pour Matignon », défend que « ce mois de janvier peut marquer un tournant pour le service public de santé ».
Car, analyse la haute-fonctionnaire, « la crise est systémique : elle résulte d'années d'un pilotage uniquement budgétaire de l'hôpital public, au mépris des alertes et des demandes des soignants, et des besoins des patients ». En bref : « un changement de cap est possible ! », enjoint-elle.
Taxer les plus riches pour financer la santé
Lucie Castets explique rejeter – à l’instar des députés ayant voté la motion de censure – le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025) tel qu’il avait été élaboré par le gouvernement de Michel Barnier. Ce budget prévoyait, selon elle, « un nouveau coup porté à l’hôpital public et à notre système de soin », notamment en accroissant « la pression budgétaire en fixant l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) à un niveau bien trop faible au regard des besoins ».
Estimant qu’il n’y a pas de fatalité à voir l’accès aux soins se réduire, la représentante du NFP, coalition qui avait rédigé un programme santé lors des législatives, souligne qu’il est « possible d’allouer les moyens nécessaires à l’hôpital public en mettant à contribution les plus fortunés et les grandes entreprises », reprenant au passage le chiffre de +6 % pour l’Ondam hospitalier réclamé par la Fédération hospitalière de France (FHF).
Pour accroître la pression, la fonctionnaire appelle dès maintenant à une mobilisation citoyenne, politique et militante, « tout au long du mois de janvier ». Objectif : peser sur les arbitrages pour que le futur budget de la Sécu 2025 « donne enfin au système de santé public les moyens de fonctionner correctement », ainsi que pour « réparer l’hôpital public et l’accès aux soins de proximité ».
Ratios à l’hôpital et déserts médicaux : deux textes réclamés
Dans ce même esprit, deux propositions de loi venues de la gauche, aujourd’hui dans les tuyaux, sont ouvertement défendues par Lucie Castets. En premier lieu, celle du sénateur et généraliste Bernard Jomier (app. socialiste), relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé. Adopté au Sénat, le texte sera examiné le 23 janvier à l’Assemblée nationale, lors de la niche parlementaire du groupe socialiste. La commission des affaires sociales avait déjà donné son feu vert début décembre.
Le deuxième texte est la fameuse proposition de loi transpartisane pour lutter contre les déserts médicaux, portée par le député socialiste de la Mayenne Guillaume Garot, qui entend notamment réguler l’installation des médecins en introduisant un conventionnement sélectif. Signé par 237 députés de tous bords (sauf du Rassemblement national), ce texte, déposé début décembre à l'Assemblée, n'a pour l'heure pas été inscrit à l'ordre du jour.
*Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise (LFI) et plusieurs élus communistes comme la sénatrice Céline Brulin ou le député Stéphane Peu.
Cette tribune est également signée par des soignants, dont des médecins : le Pr Antoine Pelissolo, psychiatre au CHU Henri-Mondor (Créteil) ; la Dr Sabrina Ali Benali, urgentiste à l’hôpital Lariboisière (Paris) ; le Dr Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat (Paris) ; et la Pr Agnès Hartemann, diabétologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris)
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