Cancers, risques psychosociaux, burn-out, suicides et addictions… les soignants, qu'ils soient libéraux ou hospitaliers, médecins ou infirmiers, sont particulièrement exposés à ces risques.
« Pourtant, il est souvent compliqué pour un professionnel de santé de s'adresser à un autre soignant pour parler de sa santé. Il y a à la fois une sorte de déni et une peur du regard de l'autre (...) Ce sont pourtant des enjeux qui doivent nous alerter », a souligné Agnès Firmin le Bodo, la ministre en charge de l’Organisation territoriale
et des Professions de santé, en marge d'un déplacement à la villa M à Paris, espace qui abrite notamment un centre de soins et de prévention dédié aux soignants.
Des soignants sans médecin traitant
Autre frein au bon suivi médical des soignants ? « Le fait que de nombreux médecins se déclarent eux-mêmes comme étant leur propre médecin traitant ou le fait que certains médecins n'ont pas de médecin traitant désigné » , a rappelé la ministre.
D'ailleurs, ce cas de figure concerne également d'autres professionnels de santé, a-t-elle témoigné : « Je connais beaucoup de pharmaciens qui n'ont pas de médecin traitant. Dans les faits, je pense que les professionnels de santé « se pensent » à l'abri, ne pensent pas à leur santé ou n'ont pas le temps de s'en occuper. C'est un peu tout ça à la fois ! »
Pour objectiver les problématiques de santé des soignants, « la première piste de travail c'est de faire de la recherche, a insisté la ministre. D'ailleurs la Drees nous accompagne sur cette question », a-t-elle communiqué, précisant qu'un travail sur la « prévalence des cancers chez les soignantes travaillant de nuit » était en cours.
Un questionnaire à destination de tous les soignants
Et si la problématique des problèmes de santé des soignants « est un peu plus documentée dans les établissements, elle ne l'est pas du tout en ville », a regretté la ministre.
Pour répondre à cet enjeu, un questionnaire à destination de tous les soignants et pilotée par OpinionWay sera lancée jeudi 30 mars à l'occasion d'une conférence de presse dédiée.
« L'enjeu va être de faire savoir que ce questionnaire existe. Il faut qu'un maximum de soignants puissent y répondre. Plus nous collecterons de réponses, plus cela nous aidera à orienter et prendre les mesures nécessaires et attendues qui permettront de répondre aux besoins des professionnels de santé. D'ailleurs il s'adressera à tous ; qu'ils s'agissent de professionnels de santé de libéraux, hospitaliers ou de professionnels issus des établissements sociaux et médico-sociaux qui sont d'ailleurs parfois oubliés », a renseigné Agnès Firmin le Bodo.
Les premiers résultats de ce questionnaire seront dévoilés à l'occasion de SantExpo, organisé du 23 au 25 mai, a annoncé la ministre. D'ici l'été « un premier train de mesures » devrait donc être annoncé pour répondre à cette problématique.
« Nous allons procéder step by step. Jeudi nous lancerons le questionnaire. Par ailleurs, quatre appels à manifestation d'intérêts de recherche sur la santé des soignants seront lancés au même moment. Nous ferons régulièrement des points d'étapes et s'il se dégage des pistes, nous les mettrons en œuvre rapidement », a-t-elle indiqué à la presse. La feuille de route finale devrait être annoncée avant la fin de l'année.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes