Juppé, Fillon : la coïncidence veut que soient qualifiés pour le deuxième tour de la primaire de la droite deux anciens premiers ministres qui ont mis en œuvre deux réformes fondamentales pour le système de santé ces dernières années : Juppé est ainsi le père de l’Ondam et du PLFSS, Fillon celui des ARS. Le plan Juppé comme la réforme HPST ont laissé plutôt un mauvais souvenir dans le corps médical libéral et c’est pourquoi les deux hommes ont commencé leur campagne il y a deux ans par un mea culpa à destination des médecins. Plus marqué dans le cas d’Alain Juppé, qui avait sans doute davantage à se faire pardonner ("Nous ne nous sommes pas compris parce que nous ne nous sommes pas suffisamment parlés (...) Je ne recommencerai pas"), mais présent aussi chez François Fillon qui a reconnu que les ARS mises en place par son gouvernement avaient suivi une dérive par trop bureaucratique.
Mais au-delà de battre leur coulpe, les deux hommes ont aussi lâché quelques pistes (voir le comparatif des propositions santé), sur un mode souvent assez général, mais qui permet d’extrapoler pour la suite. François Fillon se veut rigoureux et soucieux des comptes publics. Il pose donc pour principe intangible la « règle d’or » de l’équilibre du budget de la Sécu. Une orientation retenue avant lui par d’autres comme François Bayrou, mais qui pose la question des mesures à prendre en cas de dépassement, même s’il semble davantage viser les cotisations des assurés. François Fillon s’est ainsi prononcé pour une « franchise médicale universelle » qui s’inspire du principe du « bouclier sanitaire ».
Dans la bouche du sarthois, les mots « désétatiser », « déshospitaliser » ou « débureaucratiser » reviennent aussi bien souvent, persuadé qu’il est que le système de santé est victime de ses trois maux. Cela ne l’empêche pas néanmoins de prôner la création d’une Agence nationale de santé pour piloter plus efficacement la santé publique : une structure qui ressemble néanmoins un peu à l’actuelle agence Santé Publique France. Enfin, il promet d’avantage d’associer les professionnels de santé et de recentrer le fonctionnement du système sur le médecin généraliste.
Côté Juppé, il a surtout mis l'accent sur la méthode, promettant d’associer à tous niveaux les professionnels de santé. Alain Juppé insiste aussi sur la nécessité de faire évoluer les modes de rémunération en introduisant notamment davantage de hiérarchisation dans les lettres clés et pourquoi poas un peu plus de forfaits. Il se veut aussi le héros de la lutte contre le gaspillage dans le système de soins et de la sélection dès l’entrée en fac de médecine.
Les deux hommes se sont montrés plutôt modérés sur le devenir de l’Aide Médicale d’Etat, brocardés par au moins trois de leurs concurrents : l’un et l’autre conserveraient l’AME, mais veulent la réserver aux soins urgents. Les deux se proposent aussi de revenir sur la loi santé de Marisol Touraine, au minimum sur sa partie tiers payant généralisé (TPG). C’est peut-être sur l’hôpital qu’ils pourraient s’opposer le plus. Fillon proposant de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, Juppé étant beaucoup plus mesuré en ne manquant pas de souligner les conséquences d'une telle orientation au plan hospitalier...
Une lettre ouverte de l'UFML à Fillon
Pour l'heure, les militants de l'UFML semblent tabler sur François Fillon. Question de pragmatisme, mais aussi visiblement de proximité. Dans une lettre ouverte, son chef de file, Jérôme Marty s'adresse au "vainqueur du premier tour des primaires de la droite et du centre." Et le pousse à en dire davantage, alors que, selon le Dr Jérôme Marty, "la santé a été, une fois de plus, la grande absente des débats, même si vous avez su imposer ce sujet lors du dernier d'entre eux."
Et le généraliste de réclamer au finaliste de la primaire : "Nous attendons qu'animé par les valeurs humanistes que vous défendez, vous continuiez à faire en sorte que la solidarité nationale n'oublie personne au bord du chemin. Nous vous demandons de maintenir le particularisme français, une médecine publique et libérale, source de qualité et de liberté pour chaque patient, et de toujours privilégier le soin avant les nécessités économiques du moment." Visiblement, à l'UFML, on est pas loin de penser que Fillon est l'homme de la situation : "Nous avons perçu dans vos dernières prises de position que cela était possible. Nous vous demandons, pour la médecine, pour les patients, pour la France, de vous rapprocher des médecins et des soignants et de porter la question du système de santé de demain à la place qui est la sienne tout au long des jours et des mois à venir." Pour l'instant, les autres représentants des médecins libéraux se montrent plus discrets.
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